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ARRAS 2018

Nadia Paschetto • Directrice du Arras Film Festival

"Un engouement possible des spectateurs pour les films européens"

par 

- Rencontre avec Nadia Paschetto, directrice du Arras Film Festival dont la 19e édition se déroule du 2 au 11 novembre

Nadia Paschetto  • Directrice du Arras Film Festival

Directrice du Arras Film Festival dont la 19e édition démarre aujourd'hui (lire l’article et la news) et qu'elle pilote avec le délégué général Eric MiotNadia Paschetto évoque de la ligne éditoriale de l’événement et analyse la conjoncture de la distribution en France des films européens.

Cineuropa : Comment choisissez-vous les titres de votre compétition européenne ?
Nadia Paschetto : D’abord, nous avons une orientation très Europe de l’Est, Europe centrale et Europe du Nord. Ensuite, les films en lice pour l’Atlas d’Or doivent être inédits en France. Puis interviennent évidemment les caractéristiques artistiques. Cette année, nous avons des films venus de Hongrie, Russie, Roumanie, Pologne et République Tchèque, mais cette surreprésentation de cette partie de l’Europe est un concours de circonstances : ces films nous ont simplement plu pour leurs sujets et leurs traitements. Nous sommes également toujours attachés à la mise en scène et à l’interprétation. Enfin, ce qui est très important pour nous, c’est que ces oeuvres s’adressent aux gens, qu’elles puissent les toucher, les intéresser, leur faire découvrir des choses. 

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Le Arras Film Festival propose un très large panorama (via la compétition et les sections Découvertes européennes et Visions de l’Est) de cinématographies actuellement très peu distribuées en France.
Malheureusement, il y a moins de films européens qui sortent en France et cela baisse à vue d’œil depuis quelques années. Nous faisons ce travail de recherche de films qui pourraient intéresser des distributeurs et qui rencontrent l’adhésion du public car les salles de notre festival sont pleines, ce qui démontre qu’il y a un engouement possible des spectateurs pour les films européens. C’est dommage que cet engouement se limite au moment du festival et qu’il n’y ait pas la possibilité ensuite pour le public de découvrir ces films dans le circuit classique des salles. Je sais que ce n’est pas évident car l’économie de la distribution est de plus en plus complexe, mais si nous ne faisions plus ce travail, ce sont des films qu’on ne verrait plus jamais en France. C’est le rôle d’un festival aujourd’hui que d’offrir aux spectateurs des films de toutes ces cinématographies qui pour beaucoup de raisons, malheureusement souvent économiques, vont aller directement sur des plateformes.

Que pensez-vous de l’argument selon lequel les plateformes peuvent offrir un très large public potentiel à des films qui de toutes manières ne trouvent plus d’espace en salles ?
Je suis très partagée. J’ai un attachement très fort à la salle où un film prend toute sa dimension et son ampleur, et où on le partage avec les autres. Mais si c’est pour que personne ne voit ces films qui sont le fruit d’un travail et d’un engagement total de nombreuses personnes pendant plusieurs années, c’est complètement ridicule. Donc, si l’on n’arrive pas au bout d’un certain temps à faire en sorte que ces films arrivent sur des écrans de cinéma, les plateformes ont un rôle à jouer et c’est mieux que ces films puissent être vus de cette manière que pas du tout. Mais respectons une forme de chronologie en essayant d’abord que cela puisse être vu en salles. Je ne suis pas du tout contre voir des films en VoD ou en SvoD, mais il faut quand même essayer de préserver le fait que le premier écran doit être la salle. 

Le Arras Film Festival croit d’année en année. Jusqu’à quel point souhaitez-vous grandir ?
Nous sommes en train d’atteindre la capacité maximum d’accueil, mais nous avons un très bon espoir avec des projets d’agrandissement et de salles supplémentaires. De toutes façons, nous trouverons des solutions, car ce serait dommage d’être coupé dans cet élan. Il ne faut pas oublier que nous sommes dans une ville d’un peu moins de 42 000 habitants et que nous enregistrons 45 000 spectateurs. Et si 80 % du public est issu de la région, des gens viennent de très loin pour assister au festival : nous avons réussi à dépasser les frontières de notre territoire.

Les nombreuses avant-premières françaises au programme sont-elles un bon produit d’appel pour que les spectateurs aillent ensuite découvrir des films du reste de l’Europe ?
Nous avons un public festivalier, cinéphile, qui ne va voir que les films européens, qui est vraiment curieux de découvrir ce qui se passe dans d’autres pays et d’explorer d’autres cultures. Ce public-là ne va pas trop sur le terrain des avant-premières. Et nous avons le public des avant-premières qui est un peu plus large et à qui l’on propose en soirée de gala des films français accompagnés par leurs équipes. Ce public peut venir pour le film dont il a entendu parler, ou pour telle actrice ou tel acteur. Mais ses spectateurs qui viennent picorer un film ou deux pendant la semaine peuvent découvrir l’ambiance du festival, se prennent souvent au jeu et on les retrouve l’année suivante pour plusieurs films. Nous avons voulu que le programme soit éclectique, pour tous les goûts et tous les âges, pour faire en sorte que les gens moins avides de cinéma, qui sont juste un tout petit peu curieux et qui viennent voir un film, prennent conscience que plusieurs autres films pourraient les intéresser, et qu’ils reviennent. Des gens à qui l’on aura redonné le goût du cinéma et la curiosité et qui, parce qu’ils seront venus au départ pour un film un peu plus grand public, franchiront le pas vers des films et des cinématographies moins diffusés.

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