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Andrea Magnani • Réalisateur

"Un quasi-mort qui transporte un vrai mort comme métaphore de la souffrance"

par 

- À l'occasion du Festival de Naples, nous avons rencontré Andrea Magnani pour parler de son film Easy - Un viaggio facile facile, la toute première coproduction entre l'Italie et l'Ukraine

Andrea Magnani • Réalisateur
(© Napoli Film Festival)

Andrea Magnani, invité au Festival de Naples dans la section “Parole di Cinema”, le volet matinal destiné aux élèves des lycées napolitains, était présent à la projection de son film, Easy [+lire aussi :
critique
bande-annonce
interview : Andrea Magnani
fiche film
]
, unroad movie de l'Italie à l'Ukraine qui, depuis son avant-première à Locarno, a continué de voyager, dans les salles et les festivals, décrochant au passage deux nominations aux David de Donatello (meilleur réalisateur débutant et meilleur acteur). 

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Cineuropa : Easy est la toute première coproduction entre l'Italie et l'Ukraine. Comment le projet est-il né ?
Andrea Magnani :
À vrai dire, la première version du scénario se passait dans les Balkans. À l'époque, j'habitais à Trieste, et c'est là que j'imaginais le développement naturel de cette histoire. Le film se terminait en Bosnie. Et puis j'ai rencontré, lors d'un atelier international où j'ai développé le scénario, en Grèce, ceux qui sont ensuite devenus mes coproducteurs ukrainiens. À peine ont-ils lu le projet qu'ils en sont tombés amoureux et qu'ils m'ont proposé d'aller en Ukraine. Au début, j'étais un peu sceptique, parce que je trouvais ce pays trop lointain pour un voyage de ce genre, et puis j'ai vu sur Google qu'entre Trieste et Lviv, en Ukraine occidentale, il y avait la même distance qu'entre Trieste et Lecce. C'était donc faisable. Ainsi, je suis allé là-bas et j'ai découvert un pays idéal. 

Idéal dans quel sens ?
Je voulais un endroit où le personnage se sente complètement perdu. L'Ukraine est un pays immense, avec des plaines infinies, des paysages aliénants, des usines abandonnées de type soviétique... Là-bas, tout est grand, alors que le héros est petit et désorienté. En plus la langue différente et dans les campagnes, les gens ne parlent pas l'anglais. Même l'alphabet est différent. En somme, tous les points de repères calme que pourrait avoir le personnage disparaissent. Ensuite, j'ai trouvé chez les comédiens ukrainiens, grâce à la vieille école d'art dramatique soviétique et à la méthode Stanislavski, un talent difficile à trouver, même en Italie. 

Qu'est-ce qui vous a inspiré ce film ?
Je voulais raconter l'histoire d'un personnage, sans récit ni personnages secondaires, entrer dans sa psychologie. J'avais en tête l'image d'un homme qui traîne un cercueil et le personnage d'Isi m'est venu quand je me suis rendu compte que plusieurs personnes autour de moi souffraient de dépression. Une personne dépressive, c'est comme si elle mourait peu à peu, alors j'ai pensé qu'un quasi-mort qui transporte un vrai mort était la métaphore parfaite pour raconter la souffrance. Pour le reste, c'est une histoire classique, avec des obstacles que le personnage doit trouver la manière de contourner, l'histoire d'un homme qui doit retrouver la vie qu'il a derrière lui, qui est en lutte contre lui-même, et qui finit par l'emporter.

Peut-on dire que le film met en scène deux Europes différentes ?
Oui, mais ce n'est pas tant une question d'Est et d'Ouest que d'une Europe qui se porte bien et qui est technologique face à une Europe ancrée dans certains mythes et réalités appartenant au passé. Au début, Isi est entouré et protégé par la technologie (sa voiture, le navigateur, son téléphone portable) : on croit être connectés avec la réalité, mais en vérité nous nous l'aliénons. Au fil du chemin, cette technologie disparaît et Isi se réapproprie la réalité qui l'entoure et trouve une connexion émotionnelle avec le monde, une chose que nous sommes en train de perdre.

À travers la figure de l'ouvrier ukrainien, je voulais aussi raconter la mort invisible de quelqu'un qui doit lutter chaque jour, peut-être un clandestin. Ils sont autour de nous, mais nous ne nous en rendons pas compte. J'ai cherché à redonner une dignité et une place à ces personnes, en parlant aussi de leur réalité. 

Préparez-vous un nouveau projet ?
J'ai écrit un film intitulé Paradise, qui sera réalisé par Davide Del Degan (le tournage a commencé il y a quelques jours et la sortie est prévue pour la fin 2019). C'est l'histoire d'un témoin à un procès, une comédie un peu amère. Ensuite, je me suis concentré sur l'écriture de mon prochain film, qui sera très différent d'Easy, dans le sens où ce ne sera pas un road movie, mais en même temps, il continuera de sonder la psychologie d'un personnage. Il se passera dans une prison et suivra l'histoire de cet homme de sa naissance à ses 25 ans. Peut-être que ce film sera un peu moins comédique, mais disons qu'en général, j'aime bien évoluer sur cette frontière subtile entre la comédie et la dimension plus philosophique, dramatique et poétique de la vie.

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(Traduit de l'italien)

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