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KARLOVY VARY 2018 Compétition

Adam Sedlák • Réalisateur

"Je n'ai pas vu les contraintes financières comme une faiblesse, mais comme un atout"

par 

- KARLOVY VARY 2018 : Rencontre avec le Tchèque Adam Sedlák pour parler du film d'horreur minimaliste Domestique, de ses influences et du fait de travailler avec un petit budget

Adam Sedlák  • Réalisateur
(© Jan Hromádko)

Adam Sedlák est un réalisateur tchèque émergent qui a déjà à son actif plusieurs courts-métrages et a été nominé pour un prix du meilleur film d'étudiant grâce avec son projet de fin d'études, L.H.. Il a aussi réalisé une websérie à succès, Semestr, qui se passe uniquement sur un écran d'ordinateur. Domestique [+lire aussi :
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interview : Adam Sedlák
fiche film
]
, son premier long-métrage, est en compétition au Festival international de Karlovy Vary.

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Cineuropa : Avant Domestique, vous vous êtes fait connaître avec la série en ligne Semestr, également saluée par la critique. Ce succès vous a-t-il aidé pour monter le projet Domestique?
Adam Sedlák : À vrai dire, le scénario de Domestique a été terminé avant celui de Semestr. À un moment, comme nous n'avions pas encore reçu les fonds nécessaires pour le film, nous avons investi notre temps et notre énergie dans Semestr. Après le succès de la série, des portes se sont ouvertes et nous y avons glissé un pied, et cette fois, ça a marché.

Vous avez réalisé un film d'étudiant, L.H., qui s'inspire d'une histoire vraie mais bizarre, et qui est très différent de Domestique. Peut-on retrouver dans votre nouveau film des influences qui existaient au moment de L.H. ?
Je ne pense pas. L.H. est né dans le cadre de mes études, c'était un travail imposé que j'ai fait dans un seul but : obtenir mon diplôme. C'était juste un exercice, ni plus ni moins.

Le scénario de Domestique a gagné un prix à la Film Foundation en 2015. Avez-vous modifié le scénario depuis ?
Ce prix est venu au tout début. À cette époque, je n'avais pas un euro vaillant. Le scénario qui a gagné était la deuxième version, or nous avons tourné à partir de la version numéro sept, donc évidemment que le scénario a changé, en particulier la fin, car il s'agissait tout du long, de version en version, de trouver la meilleure manière d'exprimer ce que je voulais dire.

Lors d'une présentation du projet, vous avez insisté sur le fait qu'il s'agissait d'un projet à petit budget. Pourquoi ?
À un forum de pitching, nous avions oublié de mentionner la chose, et nous nous sommes rendu compte que c'était une erreur de ne pas révéler les circonstances financières dans lesquelles le projet est né. Les gens ont impression que le film a dû coûter beaucoup plus cher, ils ont été très agréablement surpris d'apprendre son vrai budget.

De quelle manière ces contraintes financières ont-elles influencé le projet ?
J'ai écrit le scénario avec l'intention de faire un film à petit budget. Je n'ai pas vu les contraintes financières comme une faiblesse ; je les ai considérées comme un atout. Je savais que l'histoire se passerait dans un seul appartement, qu'il y aurait deux acteurs et que le style serait minimaliste. C'est de ce dispositif que vient la force du film, du moins c'est mon avis.

Domestique se présente comme un drame minimaliste, mais vous y utilisez fréquemment des éléments caractéristiques du cinéma d'horreur, et à l'intérieur de ce genre là, du sous-genre de l'horreur liée au corps. Au-delà de tous les films qui se passent entre quatre murs, comme la Trilogie en appartement de Roman Polanski, Domestique a-t-il été influencé par d'autres références ?
Pendant la préparation du film, nous avions Enemy de Denis Villeneuve en tête, ainsi que le film d'horreur autrichien Goodnight Mommy [+lire aussi :
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fiche film
]
, Possession d'Andrzej Żuławski et les films physiques de Steve McQueen. Nous avons aussi été fortement inspirés par Safe de Todd Haynes, lui-même légèrement inspiré de Jeanne Dielman de Chantal Akerman.

Le contexte social de l'horreur évoque aussi Le Septième Continent de Michael Haneke. Est-il possible que ce film ait été une référence inconsciente ?
Je suppose. Nous n'en avons pas parlé en préparant le film. Je n'ai vu Le Septième Continent qu'une fois, il y a très longtemps, et je n'y ai pas pensé pendant le tournage, mais c'est vrai qu'on peut trouver entre les deux films certaines similarités.

Qu'est-ce qui vous a amené à écrire un film d'horreur civilisationnel sur l'obsession ?
Je crois que quiconque veut faire quoi que ce soit au plus haut niveau possible est susceptible de négliger son partenaire ou sa famille. Je trouve cela symptomatique de notre société contemporaine, dont le moteur est le succès. On n'a pas à être un sportif de premier plan pour se trouver dans la situation dépeinte dans Domestique. Il suffit d'être quelqu'un qui tâche d'être bon à son travail, celui pour lequel on passe plus de temps n'importe où ailleurs que chez soi. C'est ce moment qui m'intéressait énormément, celui où un homme se met à oublier la personne qui lui est la plus proche.

Préparez-vous déjà de nouveaux projets ?
Je travaille en ce moment à l'idée de mon deuxième long-métrage. Je voudrais tourner un film plus facile pour le public. Tout ce que je peux vous révéler, c'est qu'il parlera de la relation entre les jeunes et les personnes âgées. Avant cela, j'aimerais bien faire un documentaire sur la Coupe de la Fédération 1986. Après les Jeux olympiques de Moscou et de Sarajevo, ce fut le plus gros événement sportif à se passer dans le bloc des pays de l'est, mais avant tout, ce fut une rencontre tennistique incroyable.

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(Traduit de l'anglais)

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