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Robert Guédiguian • Réalisateur

“Mes films reflètent où j’en suis”

par 

- VENISE 2017 : Robert Guédiguian est de retour à Venise avec La Villa, et il ne revient pas seul. Il explique à Cineuropa pourquoi il s’entoure à chaque fois des mêmes collaborateurs

Robert Guédiguian  • Réalisateur
(© La Biennale di Venezia - foto ASAC)

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, en compétition à Venise, Robert Guédiguian s’est de nouveau entouré de ses collaborateurs réguliers, avec qui il a fait des films comme Les Neiges du Kilimanjaro [+lire aussi :
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ou La Ville est tranquille : Gérard Meylan, Jean-Pierre Darroussin, sa femme Ariane Ascaride. Ici, ensemble, ils tournent leurs regards vers le passé, tout en écoutant Bob Dylan.

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Cineuropa : Pourquoi aimez-vous travailler avec des gens que vous connaissez déjà bien ?
Robert Guédiguian :
Non seulement c’est un plaisir, mais c’est ma vie, ma philosophie, ma manière de faire. Il y a sans doute des gens pour qui ça ne fonctionne pas, mais pour moi oui, parce que j’ai toujours aimé être entouré. Je suppose que mes films reflètent où j’en suis dans la vie, or nous avons tous le même âge avec mes camarades, de sorte que leurs voix sont la mienne, et que je parle à travers eux. Nous partageons les mêmes valeurs, la même vision du monde et les mêmes idées politiques. C’est notre 21e film ensemble, et nous travaillons déjà sur le prochain. Avec eux, je me sens toujours libre d’inventer de nouvelles histoires. 

Ont-ils participé à l’écriture ?
La division des tâches est très stricte : ils sont acteurs et je suis scénariste, metteur en scène et producteur. Cela dit, c’est un peu comme une osmose : on ne peut pas s’empêcher d’être influencés les uns par les autres. On se voit tout le temps, on part même en vacances ensemble. Notre lien est tellement fort que j’aurais du mal à ne pas les avoir toujours à l’esprit. J’ai bien essayé, une fois, d’essayer de faire un film avec une distribution complètement nouvelle : Le Promeneur du Champ-de-Mars avec Michel Bouquet, qui était un comédien merveilleux. Tout s’est bien passé, le film a eu de bonnes critiques, il a été projeté à Berlin, mais personne ne veut en parler ! C’est comme s’il avait été fait par une autre personne portant, par le fait du hasard, le même nom que moi. Je suppose que j’ai fait ce film juste pour me prouver à moi-même que j’en étais capable. 

Dans La Villa, la participation de vos camarades est d’autant plus précieuse que le film parle du passé.
J’avais envie de réfléchir au point où j’en suis aujourd’hui, de repenser à qui nous étions et de mesurer les changements. C’est pour cela que j’ai utilisé une auto-référence dans le film (les images de Ki Lo Sa?, tourné en 1986). C’est assez drôle parce qu’à l’époque, j’avais en fait piraté la chanson de Bob Dylan qu’on entend là en fond sonore (rires). Du coup, j’en ai payé les droits, trente ans plus tard. C’est émouvant pour moi de revoir ces images, mais il y a aussi quelque chose de diabolique dans le fait de les retrouver, parce que contrairement aux photos, les films donnent toujours l’impression que ce qu’on voit est vivant. En tout cas, c’est un moyen formidable de relier passé et présent. 

Le film répond-il à des questions que vous vous posez personnellement ?
Je ne pense pas qu’il se rattache spécifiquement à ma vie, aussi parce que quand on décide de parler du passage du temps, inévitablement, on se met en quête de mentors, et pas seulement dans le champ du cinéma. J’avais Tchékhov en tête dès le départ, en particulier La cerisaie ; Ozu aussi, avec Tokyo Story. Tant de maîtres ont dédié leur vie à ce sujet précis, sauf qu’en matière de cinéma, il n’y a rien de plus général et universel que le temps, alors il fallait que je donne corps à cette idée, que je me concentre sur des petits détails comme une phrase, ça et là, ou la manière dont les personnages sont habillés. Autrement, je ne ferais que barber le spectateur avec mes réflexions songeuses. Il fallait que je fasse en sorte qu’il partage les émotions des personnages, qu’il les sente présents, dans le sens le plus physique du terme. 

Vous citez La cerisaie. Comme la pièce de Tchékhov, La Villa est aussi un récit rattaché à un lieu précis.
Je voulais tourner tout le film dans un endroit précis. Méjean est une très petite ville, mais très ouverte au monde. Dans un sens, c’est comme si c’était le centre et que tout le monde était autour. Bien qu’il y ait, tout près, Marseille, cette ville que j’ai si bien connue et que j’ai dépeinte dans mon premier film, mais qui a complètement changé, qui a disparu. Aujourd’hui, elle essaie de changer, de se restructurer, alors je cherche toujours des endroits qui me rappellent comment c’était quand j’étais petit, qui renvoient à ce paysage qui fut celui de mon enfance. C’est cela que je cherche en ce moment, donc oui, c’est vrai, je regarde en arrière dans le temps. Nous le faisons tous, dans un sens.

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(Traduit de l'anglais)

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