email print share on Facebook share on Twitter share on LinkedIn share on reddit pin on Pinterest

Nicolas Winding Refn • Réalisateur

“Tous les hommes ont en eux une ado de seize ans”

par 

- Le réalisateur danois déjà culte Nicolas Winding Refn parle fièrement de son petit dernier, The Neon Demon, un tableau sans pitié et teinté d’horreur de la beauté de nos jours

Nicolas Winding Refn • Réalisateur

À Cannes, après avoir scandalisé le public et divisé la presse, The Neon Demon [+lire aussi :
critique
bande-annonce
Q&A : Nicolas Winding Refn
fiche film
]
est également reparti les mains vides. Son auteur, Nicolas Winding Refn, n’est pas décontenancé pour autant. Le réalisateur danois devenu culte grâce à Drive (Prix de la mise en scène, Cannes 2011) parle fièrement de ce tableau sans pitié et teinté d’horreur de la beauté de nos jours. The Neon Demon sort aujourd’hui en France (avec The Jokers/Le Pacte) et en Italie (con Koch Media). Les pays scandinaves le découvriront entre le 10 et le 23 juin, le reste de l’Europe, les États-Unis et le Canada à la mi-juillet. Cineuropa a assisté à la Masterclasse donnée hier par le réalisateur à l’Université de langues et communication IULM de Milan. Voici un petit compte-rendu de cette rencontre modérée par Gianni Canova, critique pour Sky Cinema.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)
Hot docs EFP inside

Sur l’accueil réservé au film à Cannes
Nicolas Winding Refn : Je ne m’attendais pas à des réactions. C’est moi la réaction. The Neon Demon est dans le futur, c’est un film qui se projette dans le futur. Je pense qu’il y a en ce moment une guéguerre entre créativité et avenir du divertissement qui se mène avant tout sur Internet. Je suis narcissique, et être narcissique revient à avoir une réserve infinie de créativité. J’aime bien voir des classiques et détruire tout ce qui est classique.

Alejandro Jodorowsky a dit : “Nicolas est un pur artiste, il m’a sauvé de la dépression cinématographique”
Je pense que c’est une chance que j’ai eue, de naître dyslexique. Jusqu’à mes 13 ans, je n’arrivais pas bien à lire ou écrire. J’étais petit quand ma famille s’est installée à New York et comme je ne comprenais pas la langue, tout ce que je comprenais était ce que j’arrivais à voir. C’est pour ça que le cinéma a toujours été pour moi une voie naturelle. Je n’étais pas bon en sport, je ne sais pas danser ni chanter, je suis même daltonien, et j’ai eu ma première petite amie à 24 ans, mais toutes ces circonstances ont développé ma créativité, et la toile blanche devant moi, c’était celle du cinéma. 

Se retrouver dans ses personnages
Il y a certain un sado-masochiste en moi. J’ai tourné mes premiers films pour capturer quelque chose d’authentique. Tout tournait autour de mon ego et de ma vie. Mes films sont devenus une extension de moi-même. Il y a quelque chose de sadique dans le fait d’être à ce point auto-référentiel. Maintenant, je suis totalement dépendant de ma femme, Liv Corfixen. Si vous voulez arriver à quelque chose dans la vie et que vous êtes un homme, il vaut mieux avoir une forte femme à vos côtés. 

The Neon Demon parle-t-il du culte de la célébrité ou du fétichisme des images ?
J’essaie d’aller plus près de ce que j’aimerais voir. Mon cinéma se caractérise par un mouvement constant à partir de ce que je ressens. Je me suis réveillé un matin et je me suis rendu compte que je n’étais pas né beau. C’est le fait de la nature. Ma femme, elle, est belle. Je me suis alors demandé ce que cela faisait, de naître beau. J’ai imaginé ce film du point de vue d’une ado obsédée par la beauté, parce que je suis convaincu que tous les hommes ont en eux une ado de seize ans. J’ai alors commencé à évoluer dans l’univers des images de femmes. Dans la vie, j’ai toujours bien aimé les Barbies vintage et tout ce qui féminin. The Neon Demon est l’aboutissement de tous les films que j’ai faits avant.

Elle Fanning est donc votre Barbie parfaite ?
Je n’arrivais pas à trouver une actrice qui ait toutes les qualités nécessaires pour ce film, mais ma femme avait vu un film avec Elle où elle l’avait trouvée très bonne. Quand j’ai vu des photos d’Elle sur un magazine, j’ai décidé que c’était elle qu’il me fallait. Nous sommes tombés d’accord en quelques minutes. Elle avait alors 16 ans – elle a fêté ses 17 ans pendant le tournage et elle est arrivée à Cannes majeure. La petite reine du festival. Qu’est-ce que ça fait d’être Elle ? Ce doit être fantastique ! Avec elle et Ryan Gosling, c’est comme une partie à trois sans le sexe.

La fascination de la violence
Les images violentes ont sans nul doute un effet cathartique. L’esthétique de la violence devient intéressante quand elle est érotisée parce que cela crée dans le même temps de l’excitation et de la répulsion – en tout cas, on ressent quelque chose. Sexe et violence : finalement, c’est à ces deux notions que se résume la création. On me demande souvent pourquoi je ne mets pas de scène de sexe dans mes films, mais c’est parce que j’ai du sexe dans ma vie, donc je ne sens pas le besoin de le montrer. Avec la violence, c’est l’inverse : je ne peux que l’imaginer. 

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

(Traduit de l'italien)

Vous avez aimé cet article ? Abonnez-vous à notre newsletter et recevez plus d'articles comme celui-ci, directement dans votre boîte mail.

Lire aussi

Privacy Policy