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Severin Fiala et Veronika Franz • Réalisateurs

"Un film a le pouvoir de faire en sorte que les gens arrêtent de penser et se mettent à frissonner"

par 

- Cineuropa a interrogé le duo autrichien Severin Fiala-Veronika Franz, qui ont gagné le Corben d'argent du Festival international du film fantastique de Bruxelles avec Goodnight Mommy

Severin Fiala et Veronika Franz  • Réalisateurs
Veronika Franz et Severin Fiala

Severin Fiala et Veronika Franz avaient déjà fait un documentaire ensemble, Kern. Ils se sont retrouvés pour le film d'horreur psychologique Goodnight Mommy [+lire aussi :
critique
bande-annonce
interview : Severin Fiala et Veronika …
fiche film
]
, un titre produit par Ulrich Seidl qui a été présenté à Venise et à la 33ème édition du Festival international du film fantastique de Bruxelles, où il a remporté le Corbeau d'argent.

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Cineuropa : La prémisse du film est d'emblée captivante. Comment vous est-elle venue à l'esprit ?
Severin Fiala
: En regardant la télévision, à vrai dire : la télévision allemande propose ces documentaires de télé-réalité où des femmes sont séparées de leur famille pendant trois mois et changent totalement de look, notamment en passant par la chirurgie esthétique. Ces femmes sont généralement considérées comme laides selon les standards acceptés, et le but de l'émission est de les rendre plus belles. Quand elles reviennent trois mois après, il y a ce moment où leur nouvelle apparence physique est dévoilée devant leurs proches et amis. C'est censé être un moment de gala, un moment très heureux, mais si on regarde bien les enfants, s'il y en a, on détecte une sorte de malaise et de désarroi sur leurs visages. Après le tournage de mon film, j'ai revu un épisode où un enfant disait : "Ça n'est pas ma mère". Il était vraiment terrorisé. Voilà d'où est venue l'idée.

Les petits garçons sont vraiment sensationnels dans le film. Comment avez-vous travaillé avec eux ?
SF
: Avant le tournage, nous avons réfléchi à la meilleure méthode pour travailler avec des enfants et notre conclusion a été qu'il fallait que l'histoire retienne leur intérêt tout du long. Nous leur avons d'abord expliqué le point de départ de l'histoire, et à partir de là, nous avons tourné le film de manière chronologique. Au bout d'un moment, ils voulaient vraiment savoir comment le film allait se terminer. Nous avons aussi joué à des jeux d'enfants avec eux, pour qu'ils restent frais devant la caméra. En plus de ça, pour diminuer l'effet négatif qu'aurait pu avoir la répétition des scènes sur leur jeu, nous intervertissions parfois les rôles. Cela a très bien fonctionné parce que ça leur permettait d'essayer quelque chose de nouveau à chaque fois, et ça leur a aussi permis de comprendre les scènes biens plus en profondeur.

Quel a été le rôle d'Ulrich Seidl en tant que producteur ? Dans quelle mesure a-t-il influencé le film ?
Veronika Franz : Chaque producteur laisse sa marque sur les films. C'est un autre apport au film, qui peut aider ou nuire. Nous avons eu de la chance avec Ulrich Seidl, parce qu'il est lui-même artiste, de sorte qu'il nous a laissé travailler dans la plus totale liberté. En tant que producteur, il place l'artistique avant, l'argent vient après. En même temps, il faut le convaincre. Il faut justifier chacun de ses choix.

Vous êtes allés avec ce film à des festivals dédiés au cinéma de genre, comme Sitges et Bruxelles. Comment décririez-vous la situation du cinéma de genre européen actuellement ?
VF : Je ne pense pas qu'il y ait un cinéma de genre européen, parce qu'il est très différent d'un pays à l'autre. En Autriche, les films de genre sont rares, alors que les films d'auteurs abondent, donc dans un sens, notre film est peu commun pour un film autrichien, même si ses atmosphères dégagent probablement quelque chose de typiquement autrichien. L'Autriche a une grande tradition en matière de théâtre et d'opéra, or les films d'auteurs requièrent ce genre de public, qui aime rester tranquille et passer le film à réfléchir, notamment pour décider si le film est bon ou pas. Nous, ce que nous aimons dans le cinéma, c'est qu'il a le pouvoir de faire en sorte que les gens arrêtent de penser et se mettent à frissonner. Avec un peu de chance, après les frissons, on peut aussi se remettre à penser que le film offre plus qu'une première impression. Mais la première chose, pour nous, c'est d'aborder les gens en ayant un impact physique.

SF: Les films de genre ont leurs règles. Le nôtre, par exemple, devait créer du suspense. Devant certains films d'auteurs, beaucoup de spectateurs s'ennuient, mais ils essaient tout de même de réfléchir au sens du film, parce qu'ils n'osent pas dire que le film est mauvais. Dans le cas d'un film d'horreur, les gens n'hésitent pas à dire qu'il est raté, s'ils se sont ennuyés. C'est ça que nous aimons : cette liberté de laisser le public donner son avis en toute sincérité. 

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(Traduit de l'anglais)

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