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Juan Antonio Bayona • Réalisateur

“Je voulais raconter ce que n'ont pas montré les informations”

par 

- Le second long du cinéaste de L’Orphelinat est une grosse production de très haut niveau technique, qui façonne un réalisme destiné à happer le public.

Cineuropa : Le spectateur, en voyant The impossible [+lire aussi :
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, ressent presque le tsunami dans sa chair.

Juan Antonio Bayona : Oui, c'est exprès. L'idée est de placer le public au milieu des événements. C'est pour cela que j'ai accordé beaucoup d'importance aux éléments sensoriels. Les gens qui étaient là disent que tout s'est passé très vite pendant les deux journées que retrace le film, si vite qu'ils n'ont pas eu le temps de penser. Je voulais me mettre dans la tête de ces personnes, et c'est donc un voyage plus émotionnel qu'intellectuel qui est proposé au public. La réflexion vient à la fin, quand on lit le titre "The Impossible" et qu'on se demande : "Et maintenant... Que va t-il se passer ?

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Vous êtes-vous inspiré de films-catastrophes en particulier – car le film se rattache à cette tendance ?
Non, le cinéma-catastrophe tend en général à raconter les tragédies depuis de nombreux points de vue en laissant le drame pour la fin. Ici, nous avons fait le contraire : le film commence par le tsunami et on se concentre sur une seule famille. Je voulais qu'on ressente ce qu'elle ressent. Aujourd'hui, quand on voit les informations à la télévision, on est comme anesthésié : on voit les événements, mais on ne voit pas les gens. Je voulais suivre ces gens et montrer ce que les informations n'ont pas raconté.

Dans L’Orphelinat [+lire aussi :
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, la composante fantastique était dominante ; ici, c'est un réalisme pur et dur qui prévaut.

Le réalisme, qui reste une convention à partir du moment où il s'agit de cinéma, ou du moins une prétention, s'imposait dans le cas de ce film. Au niveau technique, il fallait que le tsunami soit réaliste parce que c'est le noeud de l'histoire, et son épicentre émotionnel : le film est un parcours à travers la douleur, d'abord physique puis complètement émotionnelle dans la dernière séquence du film.

Cette larme de Naomi Watts...
Je dis souvent que c'est le deuxième tsunami du film. Le premier est une vague noire, porteuse de mort ; le deuxième, c'est Naomi qui le crée en une seule larme chargée de douleur. C'est une des idées du film : ne pas se limiter à une histoire où les personnages vivent ou meurent, mais montrer que dans la survie aussi il y a de la souffrance.

Je parlerais d'un troisième tsunami : celui que vous provoquez chez le spectateur, parce qu'il est impossible de contenir ses larmes devant The impossible.
Je suis conscient d'avoir choisi une voie risquée, parce que montrer les émotions est quelque chose de tabou. Certaines personnes se sentent mal à l'aise dans cette situation et le film mise là-dessus sans s'en cacher. L'émotion est exposée comme elle a été vécue en Thaïlande, de manière immédiate.

Le tournage a dû être difficile avec toute cette eau, ces effets spéciaux et ces enfants.
Nous avons rencontré beaucoup de difficultés. Ce fut compliqué. C'était d'abord un défi technique pour l'équipe espagnole, et puis il fallait diriger des acteurs prestigieux dans une autre langue (l’anglais) que la nôtre, et enfin la troupe comptait des enfants très jeunes, dont un de quatre ans... Le plus difficile fut d'assembler toutes les pièces du puzzle de manière à ce que ça fonctionne.

Combien de temps le tournage a-t-il duré ?
Ce fut un tournage atypique parce que nous nous interrompions régulièrement pour préparer les prises suivantes. Les infrastructures nécessaires étaient tellement massives que nous n'aurions pas pu tout tourner d'affilée. Finalement, en comptant les semaines de répétitions, les tests techniques et le tournage lui-même, cela nous a pris 25 semaines étalées sur presque toute une année.

Combien le film a-t-il coûté en tout ?
30 millions d'euros.

On parle de The Impossible comme candidat possible aux Oscars. Êtes-vous préparé à cette éventualité ?
À dire vrai, non. Certes, il est bien placé pour cela, mais il est difficile d'obtenir un Oscar depuis l'Espagne et c'est bien un film espagnol (je vis à Barcelone et le producteur à Madrid). Cela dit, on ne sait jamais – notre distributeur américain nous apporte un soutien fantastique.

Le film sort aux États-Unis au mois de décembre, comme c'est souvent le cas des favoris pour les Oscars...
Oui, notre distributeur, Summit Entertainment, a fixé la sortie au moment de Noël parce qu'il a beaucoup d'espoirs pour le film.

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