email print share on Facebook share on Twitter share on LinkedIn share on reddit pin on Pinterest

Laurent Hébert • Directeur général de la CST

"Des écrans métallisés ? Non merci !"

par 

- La numérisation du cinéma promet une meilleure qualité des écrans pour moins d'argent. Laurent Hébert évoque les challenges de l'ère du numérique

La Commission supérieure technique de l'image et du son (CST) contribue à définir des standards en collaboration avec des institutions comme la SMPTE (Society of Motion Picture and Television Engineers). C'est aussi elle qui est responsable de la qualité des projections du Festival de Cannes. Son directeur général, Laurent Hébert, évoque les challenges de l'ère du numérique.

Cineuropa : En quoi la présence désormais majoritaire à Cannes des copies numériques a-t-elle modifié votre action ?
Laurent Hébert : Cette année, nous avons dû gérer un nombre supérieur de films sur support numérique pour quelques copies en 35mm seulement. L'année dernière, les deux formats étaient représentés à 50/50, cette année le rapport est de 90 à 10. Dès qu'un film arrive, nous sommes chargés de vérifier les clefs KDM voire de les produire. Parfois, la maison de production nous prête la master-KDM et c'est nous qui faisons les KDM. S'il y a un problème, c'est notre responsabilité.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

Quel logiciel utilisez-vous pour créer les clefs KDM ?
La CST a développé son propre logiciel pour Cannes. Il s'appelle "Can Help" – pour le jeu de mots. Ce logiciel peut gérer les contenus qui nous parviennent. Nous avons aussi créé un système pour générer des KDM.

Pourquoi la CST veut-elle éliminer les écrans métallisés ?
Ils ne sont plus adaptés sur le plan technique. La SMPTE fixe des normes internationales concernant la luminance et l'éclairement des écrans. La norme de luminance dans les coins de l'écran et sur les côtés est fixée à 85% de la luminance au centre de l'écran, mais il y a une tolérance (de 70% à 90% du niveau de luminosité de centre de la toile). Les standards français sont plus stricts : il ne faut pas dépasser 75% dans les coins et sur les côtés, ce qui est impossible à obtenir avec un écran métallisé.

Les techniciens français ont-ils été les premiers à identifier ce problème ?
Non, soyons francs : toutes les majors américaines savent déjà quel énorme challenge il présente et dans leurs départements production, les gens portent des badges : "Écrans métallisés : non merci !" ("Silver screen - no thank you"). C'est un problème pour les entreprises : une société comme RealD, soutenue par les grands studios et collaborant avec la SMPTE, a demandé ce que cette dernière en pensait, puisque c'est elle qui a créé la norme, et la réponse a été que des tests avaient commencé trois ans auparavant. Du point de vue de la CST, ce genre de mesures ne prennent que quelques heures à relever. La SMPTE devrait déjà avoir pris sa décision depuis longtemps. De notre côté, à la CST, nous travaillons avec le Fraunhofer Institute et sommes très conscients du problème.

Pourquoi la production d'écrans métallisés n'a-t-elle donc pas été arrêtée ?
C'est un conflit technique récurrent. À Cannes, il n'y a pas d'écrans métallisés. Avec ces écrans, qui sont plus gris, il devient inutile de travailler de plus en plus soigneusement sur la post-production et, pour les directeurs de la photographie, de se battre pour avoir l'image la plus précise en calculant les degrés de luminosité, le choix des couleurs. Projeter de telles images sur des écrans métalliques, c'est comme écouter du Mozart avec de la distorsion : ça ne sert à rien. C'est pour cela que nous pensons que nous allons l'emporter.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

Vous avez aimé cet article ? Abonnez-vous à notre newsletter et recevez plus d'articles comme celui-ci, directement dans votre boîte mail.

Privacy Policy