email print share on Facebook share on Twitter share on LinkedIn share on reddit pin on Pinterest

Cristian Mungiu • Réalisateur

"J’essaie de ne critiquer personne"

par 

- Le dernier film de Cristian Mungiu, Au-delà des collines, primé au 65ème festival de Cannes, confirme la solidité du talent du réalisateur roumain

Le festival de Cannes est bien connu pour avoir lancé et soutenu la carrière de bien des réalisateurs et Cristian Mungiu est l’un d’entre-eux. Sa Palme d’Or pour 4 mois, 3 semaines et 2 jour [+lire aussi :
critique
bande-annonce
interview : Cristian Mungiu
interview : Oleg Mutu
fiche film
]
a initié un nouvel âge pour le cinéma roumain et son dernier opus, Au-delà des collines [+lire aussi :
critique
bande-annonce
interview : Cristian Mungiu
interview : Cristian Mungiu
interview : Cristian Mungiu
fiche film
]
, confirme la solidité de son talent (lire la critique). Son art continue à s’affiner dans une industrie toujours en crise et dans laquelle le festival continue de croire comme en témoigne le retour de Cristian Munigu dans la compétition officielle de ce 65e festival de Cannes.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

Quelles sont les différences entre ce film et votre précédente réalisation ?
Cristian Mungiu : Je ne trouve pas ça bon de comparer ce film avec mon précédent. Pour comprendre ce film, il faut faire table rase de ce que j’ai fait avant parce que je n’ai pas connu les mêmes problèmes dans la production ou le tournage et j’ai tout simplement voulu raconter un autre type d’histoire. Ce n’est pas un film sur l’amitié comme le précédent, mais plutôt un film sur l’amour et sur ce que provoque l’abandon de l’amour, sur les choix que nous faisons.

Qui sont les véritables coupables dans le film ?
Le film montre une victime, mais les vrais coupables ne sont pas mis en scène dans cette histoire. C’est la résultante d’un système éducatif déficient qui a été mis en place bien avant et qui manque à sa tâche pour ces personnes. Ce qui m’intéresse, ce n’est pas de pointer le doigt sur le coupable. Les choix sont important. A-t-on toujours raison d’aider l’autre, même celui qu’on aime ? L’aide-t-on vraiment en lui imposant ses valeurs contre son gré ? Cet homme de foi pense aider cette fille parce que personne ne le fait par ailleurs. Il l’apporte à l’hôpital, mais les médecins ne peuvent pas la soigner et il interprète cet échec comme une licence à un quelconque droit sur son sort ou sur la méthode de traitement. Ses actes correspondent à ses choix, mais on ne sait pas s’il a vraiment eu le choix de ses croyances ou comment il est arrivé à ce mode de vie. Pas de jugement.

Considérez-vous la religion comme un quelconque danger ?
J’essaie de ne critiquer personne. Ce film parle de cas particuliers. Il n’y a pas de généralité et je ne décris pas la société roumaine en décrivant cette petite communauté. Un film n’a pas la capacité d’être à ce point globalisant. Au-delà des collines traite plus de superstition que de religion. Ce n’est pas une analyse des effets pervers de la religion et je ne dis pas que les croyances de ces gens correspondent à celles de l’église orthodoxe roumaine en tant qu’institution.

Un mot au sujet de la photographe de Oleg Mutu.
J’ai commencé à travailler avec lui quand nous étions étudiants. Nous n’avons pas besoin de beaucoup nous parler. Nous fixons certaines choses au début, mais pas trop. 4 mois, 3 semaines et 2 jours était très formel, mais sans aucun angle et tout était très plat à l’écran, pictural. Ici, lorsqu’Oleg suit un personnage pendant 8 minutes avec sa caméra, il y a des moments où ce que la caméra filme n’est pas important, c’est la conscience de ce qui est en train de se passer qui prime. Encore une fois, le metteur en scène s’efface, mais ça n’enlève rien à l’incroyable talent d’Oleg Mutu qui m’a permis d’arriver à ce résultat difficile.

Comment la crise financière que traverse le cinéma roumain a-t-elle influencé le film ?
Le problème de notre industrie n’est pas financier, il est culturel. Le cinéma en dehors du divertissement n’est pas populaire en Roumanie. C’est la raison pour laquelle nous obtenons moins d’argent de l’état pour l’art et l’essai et c’est la raison pour laquelle j’ai du aller chercher des capitaux internationaux. Mon film sera beaucoup plus vu à l’étranger que dans mon pays. C’est comme ça, mais il faut tenir bon et continuer à produire des films de qualité qui s’adressent aussi au peuple roumain.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

Vous avez aimé cet article ? Abonnez-vous à notre newsletter et recevez plus d'articles comme celui-ci, directement dans votre boîte mail.

Lire aussi

Privacy Policy