email print share on Facebook share on Twitter share on LinkedIn share on reddit pin on Pinterest

Radu Jude • Réalisateur

"La relation entre enfants et parents divorcés"

par 

- Tout sur la famille, le ridicule, la difficulté de se faire comprendre et la manière roumaine de faire des films avec Papa vient dimanche.

Cineuropa : Quand avez-vous eu l'idée du personnage de Marius, le héros de (Papa vient dimanche [+lire aussi :
critique
bande-annonce
interview : Radu Jude
fiche film
]
? Est-il inspiré d'une personne réelle ?

Radu Jude : Le personnage principal vient d'un court métrage intitulé Alexandra que j'ai réalisé en 2007. À ce moment de ma vie, j'ai voulu revenir sur le thème de la relation entre les enfants et les parents divorcés et inventer une nouvelle histoire sur le sujet (comme Truffaut dans la série des Antoine Doinel). J'ai décidé de ne garder que l'acteur principal, Serban Pavlu. Le personnage a une origine mixte : il a quelque chose de Pavlu, quelque chose de moi (les qualités!), quelque chose des gens que Corina Sabau ma co-scénariste, et moi-même avons rencontrés, quelque chose des personnages de Tchekhov, Raymond Carver et William Saroyan, quelque chose des héros hystériques de Mircea Daneliuc, quelque chose de ces centaines des gens ordinaires qui s'énervent et se plaignent sur les forums de divorcés, quelque chose d'Andrei Butica, notre chef opérateur et consultant sur le scénario.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

regorge de gags intraduisibles. Croyez-vous que votre film sera compris de la même manière par les publics non-roumains ?
Il est vrai que le film dépend énormément des mots et du langage; c'est un film très "parlé". Nous avons d'ailleurs toujours cherché à trouver les mots les plus adéquats dans chaque dialogue. Nous voulions rendre compte avec précision de la manière actuelle de parler en Roumanie et user de mots qui facilitent et empêchent à la fois la communication entre les personnages. En plus, la manière dont notre langue résonne dans certaines situations mène à des événements incroyablement ridicules et cette quête de moments ridicules est un des thèmes principaux du film. Forcément, cela se perd dans la traduction, surtout que nous avons dû sérieusement contracter le texte pour que les sous-titres anglais soient plus courts. C'est comme ça ! On trouve ça ailleurs : Eugène Ionesco a essayé sans grand succès de traduire Ion Luca Caragiale en français et un de mes films préférés, La Cité des douleurs de Hou Hsiao-hsien, compte d'après ce que j'ai lu plusieurs dialectes chinois et autres langages qui apparemment le rendent très spécial ! Et pourtant le film est impressionnant même pour quelqu'un qui ne peut détecter ces détails.

Quel est pour vous le problème du cinéma roumain d'aujourd'hui ? Et son plus grand avantage ?
C'est complexe, d'abord parce que les projets sont financés par l'Etat et que le Centre national de la cinématographie a encore un fonctionnement chaotique, comme le prouve le rejet de Touch Me Not, le dernier projet en date d'Adina Pintilie, malgré les prix et autres reconnaissances qu'elle a obtenu avec ses courts et ses documentaires. De l'argent a en revanche été accordé à des gens sans aucune expérience de la réalisation. C'est idiot et honteux. Deuxièmement, il y a vraiment un problème de distribution, avec aucun cinéma digne de ce nom en dehors des grandes villes, où l'on ne montre de toutes façons que des films américains.

Le public roumain a tendance à ignorer la production locale. Que pensez-vous qui pourrait être fait pour le rendre plus assidu ?
Le grand public a aussi tendance à ignorer les titres européens. Le grand public ne s'intéresse pas non plus à la bonne littérature roumaine. La Roumanie est un pays tellement pauvre, les gens ont tellement de problèmes ! Je ne sais pas quelle pourrait être la solution. Peut-être d'investir davantage dans l'éducation culturelle, matière que notre désastreuse éducation nationale néglige généralement. Il est peut-être temps de comprendre qu'il y a deux types de films : ceux qui s'adressent au grand public et les films d'auteurs. On ne va pas dans un restaurant pratiquant la nouvelle cuisine pour commander des saucisses roumaines ni au McDonald pour manger des sushis !

Préparez-vous un nouveau projet ? Pouvez-vous nous dire de quoi il s'agit ?
J'espère pouvoir tourner cet été un nouveau court métrage, Like a Shadow of a Cloud, sur un prêtre de Bucarest qui doit entendre la dernière confession d'une femme mourante. Je suis en train d'en écrire le scénario avec Florin Lazarescu et nous travaillons aussi sur un drame en costumes situé au début du XIXème siècle et inspiré par une loi absurde existant à l'époque. J'adorerais recréer cette ère dans chaque détail quotidien, c'est une des choses formidables que le cinéma peut faire.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

Vous avez aimé cet article ? Abonnez-vous à notre newsletter et recevez plus d'articles comme celui-ci, directement dans votre boîte mail.

Lire aussi

Privacy Policy