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Juan Carlos Fresnadillo • Réalisateur

“J'aime les films qui mettent le spectateur au défi”

par 

- Jeu de pistes parallèles, tournage en deux langues, passion pour les ressorts psychologiques du fantastique : le réalisateur espagnol décrypte Intruders.

Après avoir été projeté à Toronto et San Sebastián, le troisième long métrage (après Intacto et 28 semaines après [+lire aussi :
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?

Juan Carlos Fresnadillo : L'idée est venue lors d'une conversation avec les producteurs du film, Enrique López-Lavigne et Belén Atienza. Nous nous interrogions sur l'origine de la peur, de certaines craintes qui apparaissent pendant l'enfance. Dans le cadre de cette enquête, nous avons entendu l'histoire de deux maisonnées où faisait irruption un inquiétant fantôme, poussant ces familles dans leurs derniers retranchements, remettant en question leur identité et les forçant à fouiller le passé, parce que c'est des gens aux-mêmes que venait cette présence dans leur maison.

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Vous avez toutefois confié le scénario à quelqu'un d'autre...
Oui, à Nicolás Casariego et Jaime Marqués, qui ont beaucoup d'expérience (respectivement comme scénariste et comme réalisateur) et que j'admire et respecte énormément. Pourquoi n'ai-je cette fois pas voulu participer l'écriture ? Parce que le sujet du film est très complexe, avec les deux récits qui s'enchevêtrent, se séparent et se retrouvent. Si j'avais pris part à l'écriture, j'aurais couru le danger de rester dans le champ de la peinture et de ne pas imaginer la photographie. Il m'a paru pertinent, pour cette histoire ambitieuse, de garder un peu mes distances afin d'avoir une meilleure vue d'ensemble. Par ailleurs, quand on écrit on tombe amoureux de chaque ligne, or avec cette histoire, ce n'est pas possible, parce que ce récit requérait qu'on le modifie au fur et à mesure et donc qu'on ait le courage et le détachement nécessaire pour faire des changements. J'ajouterais qu'il fallait donner chair à ce récit mental, en particulier à travers les acteurs. Je devais parvenir à créer avec eux un monde réel et tangible, or si j'avais écrit le scénario, j'aurais voulu que les acteurs le suivent. Grosse erreur. Du fait de ma distance par rapport au texte, j'ai pu faire équipe avec les acteurs, être plus de leur côté. Nous avons pris le scénario et ensemble nous l'avons modelé à notre convenance. Je n'ai pas craint de changer les dialogues, de modifier certaines situations, d'en composer de nouvelles... Pour donner au film cette dimension physique, je devais rester à distance du scénario.

Combien de temps chaque étape de la confection du film a-t-elle duré ?
L'écriture du scénario a pris presque un an, le montage six à sept mois. Il fallait trouver le rythme adapté au film et passer naturellement d'un pays à l'autre de manière à donner l'impression de suivre deux pistes d'une histoire jusqu'à ce qu'elles explosent... Certains spectateurs résolvent le mystère avant, grâce à certaines pistes, mais 70% des gens ne se doutent de rien jusqu'à la fin : c'est impressionnant. Je me disais parfois "ils vont se rendre compte", mais non.

Vous ne craignez pas qu'on remarque l'"astuce" du film ?
No, je pense que dans ce film, ce qui se passe est tellement suggestif que bien qu'on sente qu'il y a un problème réel, on reste éveillé et on cherche activement à découvrir qui est ce monstre. Le film fait participer le spectateur, même s'il comprend avant la fin le lien entre les deux récits.

Vous aimez donc faire "travailler" le spectateur, qu'il ne reste pas passif ?
Oui, c'était la même chose avec Intacto. J'aime les histoires connectées au réel dans le sens où dans la vie non plus, les choses ne sont pas pré-mâchées. Il faut toujours être en action. J'aime aller dans ce sens : voir des films qui me mettent au défi, qui me poussent dans mes derniers retranchements, parce qu'alors se crée avec ce qu'on est en train de voir une symbiose intéressante et stimulante.

A-t-il été compliqué de tourner dans deux pays, dans deux langues, avec deux équipes différentes ?
Pour des raisons de calendrier, nous avons dû tourner d'abord la partie anglaise puis la partie espagnole, et ce ne fut pas mal, parce que je pense que quand on entame un tournage, il vaut mieux commencer par la partie la plus difficile, or la logistique de la partie anglaise était plus délicate, car il y a plus d'extérieurs. Le budget une fois certain de moins varier, nous avons construit tous les intérieurs, anglais et espagnols, ici à Madrid. En termes de production, ce fut facile.

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