19/11/2010

L'entrepreneur turc Efe Cakarel, fondateur et DG de la plateforme de vidéo à la demande MUBI (précédemment appelée The Auteurs), voyage partout dans le monde pour promouvoir son service de VOD à destination des cinéphiles, disponible depuis le 3 novembre pour 3 millions de possesseurs de la PlayStation 3 partout dans le monde et en Europe. Les quelques 1300 films proposés, dont environ 400 classiques et films d'auteurs comme Quentin Tarantino, les frères Coen, Lars Von Trier, Roman Polanski ou Jean-Luc Godard, peuvent être visionnés en ligne pour 9,99 £/12,99 € par mois en tout ou 2,99 £/3,59 € par film loué pour sept jours (selon les territoires).

On peut citer parmi les partenaires clefs de MUBI Celluloid Dreams, Cinéart Distribution , la World Collection de Martin Scorsese et des sociétés de distribution locales comme les françaises Bac Films et Diaphana ou la scandinave NonStop Entertainment. Cakarel a parlé à Cineuropa.

Cineuropa : Comment votre service de VOD s'est-il développé ces deux-trois dernières années et comment êtes-vous passé de The Auteurs à MUBI ?
Efe Cakarel : Nous avons énormément évolué ces deux dernières années. Nous avons vu notre rêve de devenir une plateforme de cinéma vraiment internationale commencer de se réaliser avec des offres de plus en plus localisées selon les différents pays. À présent que nous nous sommes étendus à la PlayStation 3, nous profitons du fait que MUBI représente non pas une offre à un endroit mais de nombreuses offres d'excellent cinéma partout dans le monde. D'où notre changement de nom. Nous aimions aussi l'ancien et nous allons rester fidèles à son message, mais il nous fallait un nom que tout le monde puisse prononcer !

Quels sont vos clients et qu'est-ce qui vous différencie des autres plateformes de vidéo à la demande ?
Nos clients sont tous les gens qui adorent le cinéma, du cinéphile assidu au simple consommateur déçu par l'offre dans son multiplex local. MUBI c'est avant tout de l'excellent cinéma, vieux ou nouveau, grand public ou moins connu. Notre différence avec les autres c'est le soin que nous prenons de nos films, qui sont choisis un par un pour constituer une collection toujours croissante du meilleur cinéma indépendant, international et classique. C'est aussi le fait que notre audience est internationale (nous offrons des centaines de films dans tous les pays du monde), que nous avons une communauté (ce qui permet aux clients de partager leurs expériences et recommander des films, un mécanisme qui permet de découvrir des nouveaux films) et que nous publions un magazine, The Daily Notebook, qui informe les lecteurs de ce qui se passe chaque jour au cinéma et contient des critiques et interviews.

Combien de films proposez-vous et en tant que communauté en ligne, combien de visites avez-vous par jour (ou par mois) ?
Nous avons plus de 1300 titres, et ce n'est qu'un début. Ce qui est disponible varie selon les pays, mais pour vous donner un exemple, nous offrons plus de 400 films en Suède. 6 millions de pages du site MUBI.com sont consultées par mois.

Pour les détenteurs de droits, quels sont les avantages concrets du fait que leurs films soient sur MUBI ? À quelles évolutions vous attendez-vous dans le domaine de la VOD sur le moyen terme ?
Mettre un film sur notre plateforme permet deux choses : de générer des revenus supplémentaires et d'offrir une bien plus grande visibilité. Pour ce qui est des évolutions à venir, je pense que de plus en plus de détenteurs de droits vont voir le VOD comme une voie viable pour accomplir les deux choses sus-mentionnées. Il leur faudra seulement trouver la plateforme où leur film marchera le mieux. Par exemple, Iron Man 2 sera mieux ailleurs que sur MUBI, mais le lauréat de la Palme d'or 2010, Oncle Boonmee celui qui se souvient de ses vies antérieures [+lire aussi :
bande-annonce
fiche film], y sera parfaitement à sa place, de même que les films de Quentin Tarantino.

Quels sont les plus gros défis qui se présentent à vous à ce jour : sont-ce la difficulté d'avoir les droits des films et le système strict de la chronologie des médias existant en Europe ?
La difficulté, c'est que presque chaque film appartient à un détenteur différent dans les différents pays, donc si la première étape de notre travail est d'identifier quels films merveilleux nous voulons montrer, la difficulté vient ensuite, quand il faut trouver qui a en les droits et décider où nous voulons les montrer. À cela s'ajoute l'espèce de crainte ou d'ignorance que beaucoup de gens dans l'industrie ont vis-à-vis de la vidéo à la demande, ce qui aboutit à un certain conservatisme par rapport à la distribution en ligne, alors que tout ce que nous souhaitons, c'est attirer plus d'attention, d'intérêt et de public vers leurs films.

Pensez-vous que votre service va évoluer vers le financement cross-média pour les cinéastes indépendants ?
Nous aimerions beaucoup qu'il en aille ainsi. Nous rassemblons une importante communauté de cinéphiles sur le site, et aller de cela au financement et/ou à la production pour notre plateforme numérique serait une évolution naturelle qui pourrait se produire dans le futur.