email print share on Facebook share on Twitter share on LinkedIn share on reddit pin on Pinterest

Laurent Dutoit • Distributeur

Un regard sur la distribution en Suisse

par 

Fondée en 1999, la société Agora Films distribue une douzaine de films par année. Laurent Dutoit, son directeur, tient le cap d’une haute exigence dans un marché trilingue qui doit s’adapter au rythme de ses voisins français, allemands et italiens.

Cineuropa: Quelle est votre politique d’acquisition des films?
Laurent Dutoit: Nous achetons les films qui nous plaisent et que nous avons envie de défendre auprès du public suisse. Nous ne pratiquons pas la politique des «gros coups» et ne jouons pas la viabilité de la société sur un film. Nous sommes prudents. Il nous faut un ou deux titres par année qui marchent bien pour payer les frais généraux, mais chaque fois que nous avons acheté des films qui ne nous emballaient pas trop en pensant qu’ils allaient faire un tabac, nous nous sommes trompés. Notre plus grand succès de tous les temps, Etre et avoir de Nicolas Philibert, est en revanche un bel exemple. Nous l’avons tout de suite aimé et, dans une démarche plus militante que commerciale, nous avons décidé de le défendre pensant que nous ferions entre 2000 à 2500 spectateurs. Le film a fait 140 000 entrées… L’intérêt du métier de distributeur réside dans ces surprises.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)
Hot docs EFP inside

Quel est votre film idéal?
Pour moi, le film idéal est celui que j’ai envie de revoir en sortant de la projection et qui parvient à me faire ressentir les choses. Je suis ouvert à tous les genres, et je ne fais pas cas de la distinction souvent discutable entre film d’auteur et grand public. Ce qui importe, c’est la qualité du résultat final.

Où et comment achetez-vous les films?
Dans les festivals pour la plupart. Que les films soient finis ou que nous achetions sur scénario, Cannes, Berlin et Toronto sont des moments de rencontres privilégiés avec les vendeurs internationaux. C’est donc généralement là que les ventes se concluent. Par ailleurs, Agora Films étant un des derniers distributeurs en Suisse romande, nous sommes naturellement tournés vers le marché français. Et en trois heures et demie de train, nous pouvons être à Paris pour voir des films!

Vous heurtez-vous à une forte concurrence pour obtenir des films?
La Suisse est un marché assez concurrentiel parce qu’elle compte un certain nombre de structures indépendantes qui sont toutes à la recherche de la perle! Tout dépend aussi du prix que les vendeurs demandent pour un film et de notre estimation de leur rentabilité sur le territoire suisse. Leurs prétentions sont parfois si excessives que des films présentant un intérêt culturel et un petit potentiel commercial ne sont parfois pas distribués.

Quelles sont les spécificités du marché suisse?
Le morcellement du pays en trois régions linguistiques implique trois sorties, car elles sont généralement calées sur le marché italien, allemand, français et nous sommes dépendants du travail et des choix de nos grands voisins. Les distributeurs allemands, français et italiens veulent par ailleurs souvent garder les droits de diffusion pour la sphère linguistique suisse concernée car c’est un bonus qui ne leur coûte rien, si bien qu’il est de plus en plus difficile d’obtenir tous les droits vidéo et télévision pour notre propre territoire. Cette pratique nous fragilise véritablement. Pour qu'on puisse couvrir notre investissement dans la sortie en salles d'un film, nous devons pouvoir disposer de tous les droits annexes.

Dans quels cinémas placez-vous vos films?
Dans la mesure où nous distribuons surtout des films d’auteur, nous avons une relation privilégiée avec les salles d’art et d’essai. Mais nos films trouvent également parfois leur place dans les multiplexes!

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

Vous avez aimé cet article ? Abonnez-vous à notre newsletter et recevez plus d'articles comme celui-ci, directement dans votre boîte mail.

Privacy Policy