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Nicolo Donato • Réalisateur

“Je ne sais pas faire le réalisateur”

par 

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Interview Nicolo Donato [IT]
interview : Nicolo Donato
fiche film
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Nicolo Donato : Pour le dire simplement, l'amour et mon respect pour l'amour. En réfléchissant à un sujet qui convienne pour mon premier film, j'ai essayé de songer à deux univers différents dont on parle peu au Danemark, j'ai essayé de partir de l'amour et de le placer dans un contexte où il ne devrait pas exister, où il ne peut pas logiquement exister. En vérité, ce film parle d'amour et de rien d'autre. Cela peut arriver à deux filles, à un homme et une femme, à deux chiens, peu importe parce que l'amour est fort et c'est ce que dit le film.

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Comment vous est venue l'idée de vous intéresser en particulier à une romance homosexuelle entre des néo-nazis ?
J'ai vu un documentaire, il y a longtemps, sur les néo-nazis homosexuels et je me suis senti idiot en le regardant. À l'époque, j'étais anti-nazi mais j'étais souvent assez stupide. Le documentaire montrait que Riefenstahl s'est servi comme introduction à un de ses films sur les Jeux Olympiques d'une scène où les athlètes prennent leur douche nus, se frottent le dos les uns aux autres et j'ai pensé : "Mais qu'est-ce se passe là, n'est-ce pas censé être un film hitlérien ?". Cela ne correspondait pas à mon idée du nazisme. En fait, évidemment, on ne choisit pas sa sexualité. Je ne sais pas s'il y a des nazis gays au Danemark, mais en Allemagne oui, et c'est pour ça qu'ils ont fait ce documentaire.

N'avez-vous pas craint qu'en les montrant en train de vivre une liaison passionnée, vous n'humanisiez trop les néo-nazis ?
J'ai eu peur de trop en faire, oui. Parce que j'ai beaucoup d'amis gays, j'ai aussi eu peur qu'ils croient que je les plaçais dans un univers néo-nazi. Ceci dit, si on prend le film comme une histoire d'amour, tout le reste s'efface. Je ne peux pas bien dire comment je me suis efforcé d'oublier le contexte pour me concentrer sur l'histoire d'amour, mais c'est ce que j'ai fait. Reposez-moi la question dans dix ans, quand j'aurais plus de films à mon actif, et peut-être que je saurai répondre.

Pensez-vous que les néo-nazis de votre film sont des personnes mauvaises ?
Je pense que les gens doivent respecter les autres. C'est toute l'idée du film. Personne ne naît mauvais, on le devient pour une raison ou une autre. Cela pourrait m'arriver : je suis à moitié italien et on a eu Mussolini là-bas alors pourquoi pas ? Quand j'étais en pension, j'ai rencontré un noir qui m'a aidé. Si cela avait été un blanc et que je n'avais jamais rencontré de noirs sympas, peut-être serais-je devenu un néo-nazi. Je ne sais pas. Personnellement, je ne respecte évidemment pas les nazis, je travaille aussi avec Amnesty International et suis convaincu que les droits de l'Homme sont une des choses les plus importantes. Ceci dit, je les comprends, d'une certaine manière – je comprends par exemple l'idée de faire attention à la nature. Pour ce qui est du racisme, de la haine selon la couleur ou la sexualité, ce n'est tout simplement pas tolérable.

Avez-vous fait beaucoup de recherches ?
J'ai notamment mené mon enquête auprès d'un ancien néo-nazi, et il s'est avéré que nous avions participé aux mêmes manifestations quand nous étions jeunes, sauf que j'étais de l'autre côté à protester contre des gens comme lui ! En fait, c'est un brave type et c'est en quelque sorte toute l'idée de ma démarche : nous ne sommes que des hommes et nous faisons parfois de grosses erreurs. Il n'est pas homo, mais il a beaucoup influé sur le film et de nombreux épisodes de son incroyable histoire sont présentés à l'écran.

Quel genre de réalisateur êtes-vous pendant le tournage ?
Je ne parle pas beaucoup et je ne répète pas avant. Je discute avec les acteurs avant le film. J'ai bu beaucoup de cafés avec Nicolas Bro. Pour Thure Lindhardt, je suis allé à L.A. où il tournait Anges et démons et c'est là que nous nous sommes parlés. Je me suis simplement assis avec eux et nous avons discuté du genre de personne qu'est chacun d'entre eux ; ensuite je me suis servi de cela contre eux. Sur le plateau, je leur ai demandé de me montrer ce qu'ils savaient faire et la caméra à l'épaule est fondamentalement très discrète. Je fais beaucoup de prises, mais je filme à chaque fois toute la scène. Je n'aime pas interrompre l'interaction entre les acteurs. Ils suffit qu'ils soient bien dans la scène, pour moi c'est l'essentiel – ça m'est égal s'ils ne disent pas exactement ce qui est dans le scénario. Vous savez, je viens du monde de la mode, je ne sais pas vraiment faire le réalisateur !

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