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Darko Lungulov • Réalisateur

Here and There

par 

Après deux prix à Tribeca, le premier long métrage de Darko Lungulov, Here And There, sur la rencontre et les péripéties d'un Serbe aux États-Unis et d'un musicien américain fauché sans le sou qui s'en va à Belgrade, a été sélectionné à Karlovy Vary.

Cineuropa : Comment (et où) avez-vous décidé de devenir réalisateur ?
Darko Lungulov : Pendant mon enfance à Belgrade, dans les années 1980, j'étais un cinéphile avide, mais à l'époque nous voyions beaucoup de méga-productions américaines qui m'ont découragé de même imaginer faire un jour des films. Nous ne connaissions pas la scène indépendante à l'époque et il n'était pas possible de faire des "petits" films indépendants en Yougoslavie. Et puis j'ai vu Stranger Than Paradise et Down By Law de Jim Jarmush dans une salle pleine à craquer de notre Centre culturel pour les étudiants. Ces films, de même que Sexe, mensonges et vidéos, m'ont donné de l'espoir. Ce qui est incroyable, c'est qu'un des coproducteurs de mon film a travaillé plusieurs fois avec Jarmush.
La guerre civile m'a forcé à partir pour New York. Là-bas, j'ai gagné de l'argent comme livreur et homme à tout faire, ce qui m'a permis de m'inscrire au City College de New York. Heureusement pour moi, le cursus sur la zone russe que j'avais entamé à contrecoeur a été supprimé, ce qui m'a donné une excuse pour intégrer le cours de cinéma et vidéo.

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Quels éléments, autobiographiques et autres, vous ont inspiré Here And There?
L'histoire s'inspire vaguement de mon expérience de cinq ans comme homme à tout faire à New York, tout en étudiant. J'avais même un beeper. À l'école, tout le monde croyait que j'étais dealer.
Par ce travail, je suis rentré dans la vie de beaucoup de gens et je savais que ce serait une bonne base pour une histoire. En 2003, quand je suis retourné en Serbie et que j'y ai vu la dure réalité de la vie quotidienne, dans ce "pays en transition" dont les habitants rêvaient encore de partir alors que le pays m'avait tellement manqué pendant mon séjour aux États-Unis, l'ironie de la chose m'a inspiré le scénario de Here And There.

A-t-il été difficile de partager le tournage entre deux endroits ? Comment compareriez-vous les conditions de travail ici et là-bas ?
C'était comme de faire deux films différents, un à New York et un autre, quatre mois après, à Belgrade. Deux pré-productions, deux équipes...etc... C'était très ambitieux pour un premier film. À New York, c'était difficile : beaucoup de dur labeur avec peu d'argent mais un enthousiasme et un dévouement énorme de la part de tous – et c'était merveilleux pour moi de tourner enfin mon propre film. La coupure de quatre mois m'a été utile pour réfléchir au matériel que j'avais déjà et préparer le tournage serbe avec le directeur de la photographie Mathias Schoningh. Nous avons passé beaucoup de temps à faire du repérage et à discuter des aspects visuels du film. Il nous fallait aussi trouver de l'argent. À Belgrade, les choses ont été plus calmes : nous avions plus de temps et les soutiens étaient meilleurs, même si le budget restait très limité et que nous avons tout de même travaillé très dur.
Le moment de loin le plus dur a été quand, douze jours avant le début du tournage à Belgrade, l'Ambassade américaine a été attaquée. L'acteur principal, David Thornton, craignait que cela soit dangereux de venir. Finalement, il est venu et nous avons tourné comme prévu, pendant trois semaines, dans une atmosphère des plus agréables. À la fin du tournage, les membres américains et allemands de l'équipe étaient très tristes de partir.

Comment définiriez-vous le genre de cinéma que vous voulez faire ?
Je veux raconter des histoires humaines auxquelles les gens peuvent se rapporter, des histoires qui les fassent réfléchir et aussi qui leur fassent ressentir des choses. Mes priorités sont l'émotion et la sincérité du récit. Il est aussi important de faire rire les gens. Les ennuyer est le pire des crimes.

Allez-vous continuer d'explorer votre pays avec vos yeux de Serbe de retour de New Yorker dans votre prochain film ? Oui. Dans un sens, j'essaie de garder ce regard extérieur. Je pense que cela produit des résultats intéressants – le fait que je connaisse si bien mon pays mais qu'en même temps j'arrive encore à me laisser surprendre par lui. Mon prochain projet, Monument to Michael Jackson, se penche sur les éléments de culture pop américaine qui ont été importés dans la culture en transition d'un pays comme la Serbie.

Qu'espérez-vous de votre sélection à Karlovy Vary ?
C'est un grand honneur de participer à un événement aussi éminent. Je vois cette sélection comme une opportunité d'observer comment mon film fonctionne auprès d'un autre public. Je suis curieux car pour le moment, je ne l'ai vu projeter que devant des publics états-uniens et serbes.

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