Expulsés une nouvelle fois de leurs squats à Barcelone, deux groupes d’hommes sénégalais errent au gré d’une dérive existentielle qui semble sans fin. Sans emploi mais fiers, ils tentent désespérément de tirer parti au mieux de la chance qui leur a été donnée. Face aux difficultés du quotidien, ils font front, ensemble, tandis qu’inlassablement les nuits et les jours se succèdent. Harcelés par la police qui patrouille les rues et par certains citoyens qui estiment que le général Franco n’aurait jamais permis pareille indiscipline, ils commencent à prendre conscience que leur rêve européen n’est peut-être qu’un feu de paille. Le réalisateur Pierpaolo Verdecchi saisit la rage, mais aussi la tendresse et le désespoir de marginaux qui ne possèdent rien d’autre que du temps et leur propre vie. Infatigables, ils déambulent telle une tribu perdue à la poursuite d’une pulsation secrète et ignorée. Tourné dans un noir et blanc précis, élégant, dans le pur style du cinéma d’observation, le film allie tempo féroce d’une chanson de rap à la mélancolie d’une ballade reggae.