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Stratégies et avenir des salles européennes (2ème Partie)

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- Au-delà des classiques discours corporatistes d¹inquiétude, de réels dangers guettent actuellement les salles d¹art et essai du Vieux Continent. Tour d¹horizon et témoignages d¹exploitants de six pays européens.

Présent et futur des salles art et essai

Au-delà des classiques discours corporatistes d’inquiétude, de réels dangers guettent actuellement les salles d’art et essai du Vieux Continent. Tour d’horizon et témoignages d’exploitants de six pays européens.

C’est un constant alarmant que dresse le Hongrois Tibor Bíró (Cine-Mis à Miskolc), vice-président de l’association des salles art & essai de son pays. Conséquence de la crise du MMKA (l’ancienne structure gérant le soutien public), les aides sont bloquées depuis deux ans et neuf des 44 cinémas art & essai hongrois ont fermé, y compris dans les grandes villes. Et si les aides publiques sont désormais du ressort du Ministère des Ressources Nationales, les modalités d’attribution ne sont pas encore connues. En revanche, pour la projection numérique, l’Etat a lancé un programme couvrant 75% du financement des installations. Une avancée décisive pour des salles art & essai dans l’incapacité d’auto-financer l’équipement alors que les multiplexes (90 % de part de marché avec une domination de Cinema City) n’ont aucune difficulté à se numériser. Par ailleurs, le nombre de films projetés dans les salles art & essai est en baisse constante, l’accès aux oeuvres étant de plus en plus ardu car les distributeurs sous pression économique se limitent à des combinaisons de 1 à 4 copies. Fatalement, les entrées en pâtissent. Enfin, les salles hongroises manquent cruellement de films pour l'éducation cinéphilique du jeune public.

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La Lituanienne Greta Akcijonaite (Kino Pasaka, Vilnius) rappelle que son pays compte seulement trois cinémas autoproclamés art & essai et que la production américaine truste 80 % des entrées en Lituanie contre 17 % pour les film européens non nationaux et 3 % pour les longs métrages lituaniens. "Nous survivons encore" ajoute-t-elle, précisant qu’il n’existe aucune aide publique en faveur de l’exploitation et la distribution. "Comme la distribution est surtout américaine, un cinéma art & essai est devenu distributeur pour ne pas devenir une salle de seconde diffusion."

Se lancer dans la distribution, c¹est aussi la solution choisie par Hrvoje Laurenta (Kino Europa de Zagreb). "En Croatie, il y a seulement deux distributeurs dont l’un détient aussi le monopole des multiplexes. Nous avons acquis 15 films, organisant un événement autour de chacun d’eux grâce à des sponsors." Une bonne nouvelle récente est arrivée pour la numérisation : l’Etat prendra en charge 70% du coût de l’équipement si l'exploitant peut couvrir les 30 % restants. "Mais le marketing est plus important que la programmation et que la numérisation. Il faut être créatif, même avec peu d’argent." Une créativité que le Belge Michail Bakolas (Cinéma Le Parc, Charleroi) prépare sous la forme d’un décloisonnement des formes d’art avec son projet de centre culturel pour le monde de l’image qui inclura un cinéma.

Avec 2000 salles art & essai cumulant 45 à 50 millions d’entrées annuelles, la France pourrait s’estimer très bien lotie. Mais Patrick Brouiller, le président de l’AFCAE (Association Française des Cinéma d’Art et Essai) appelle à la vigilance : "depuis six ans, toutes les instances de régulation favorisant la diversité perdent du terrain. Certains voudraient déréglementer davantage, modifier la chronologie des médias. Nous, nous considérons que la salle est l’endroit naturel pour voir des films et elle est aussi le plus gros contributeur à l’économie du film." Sur la numérisation qui a été bien organisée par les pouvoirs publics français (VPF obligatoire des distributeurs et plan de soutien pour les petites salles), Patrick Brouiller s’inquiète malgré tout des risques de concentration des salles et des pressions des distributeurs sur la programmation. Et il insiste sur un point: "il n’y a pas de diversité de création sans diversité de diffusion."

Enfin, Detlef Rossmann, exploitant à Oldenburg en Allemagne (où 600 salles art et essai captent 12 % des entrées) et président de la CICAE (Confédération Internationale des Cinémas d’Art et Essai) a pointé deux problèmes dans les grands pays : une production de films excessive et en hausse constante face à une fréquentation plus ou moins stable, et la disparition des cinémas de centre-ville confrontés à des loyers exagérés. Selon lui, "seuls des soutiens publics peuvent sauver ces cinémas." Reliant ce sujet à la question de la numérisation, il s’est montré assez pessimiste sur l’avenir des petites salles art et essai privées, en particulier en Europe centrale et orientale : "Elles vont fermer car elles ne sont pas rentables, et n’auront pas de VPF. Et dans la crise actuelle, les Etats n’ont pas les moyens de les aider."

[cliquez ici pour lire la 1ère partie de cet article]

 

 

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