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EMERGING PRODUCERS 2020

Vincent Metzinger • Producteur, Naoko Films

"Un producteur doit croire en son projet quand personne d'autre n'y croit"

par 

- Entretien avec Vincent Metzinger, producteur au sein de la société belge Naoko Films, sélectionné pour le programme Emerging Producers 2020

Vincent Metzinger • Producteur, Naoko Films

Interview avec Vincent Metzinger, producteur pour la société belge Naoko Films, qui a été sélectionné pour participer au programme and Emerging Producers 2020.

Pourquoi produisez-vous des documentaires ? Est-ce que vous voyez le film documentaire comme un moteur de changement politique et social ?
Vincent Metzinger : Je ne veux pas nécessairement faire la distinction entre fiction et documentaire, car les deux catégories renferment une immense diversité de films à la recherche de leur propre langage cinématographique. J’aime l’idée de produire de la fiction dans des conditions de documentaire et vice versa, et aussi faire des passerelles entre les deux.

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Produire des documentaires est un très grand plaisir pour moi, à cause de l’infinité de possibilités créatives que chaque documentaire apporte. Chaque jour est différent, chaque projet est différent. Il faut tout reprendre de zéro à chaque fois : on travaille avec des réalisateurs sur différents langages de cinéma, on découvre de nouveaux univers qu’on aurait jamais soupçonné auparavant, et on se fraie un chemin à travers tout ça jusqu’au produit final. Pour moi, c’est une source éternelle de curiosité. Le documentaire a une économie fragile et compliquée, et c’est un don d’une certaine manière : sans les pressions liées à la rentabilité on peut se concentrer sur l’art et la manière de la réalisation des documentaires.

Les documentaires peuvent être une fenêtre ouverte sur le monde, et ainsi ils peuvent être – et ils le sont, parfois – un moteur de changement social et politique. Mais ma mission en tant que producteur, telle que je la voie, est d’aider à concrétiser une vision artistique, et non pas une vision politique, même si l’un et l’autre peuvent être entremêlés suivant les cas. En ce qui concerne les opinions politiques et les messages, je préfère laisser ça à l’interprétation du public. Je tends plutôt à travailler avec des réalisateurs qui partagent cette vision et mettent leur vision artistique et esthétique au-delà du reste.

Quelles qualités se doit d’avoir un producteur de documentaires actuellement ?
Vous devez être la personne qui croit au projet envers et contre tous, jusqu’à ce qu’enfin, le projet voie la lumière du jour. Vous devez être créatifs et trouver de nouveaux moyens de faire financer et produire vos projets. Par-dessus tout, vous devez avoir une curiosité sans limites. Sur le cinéma, bien sûr, mais pas que. Lire les grands auteurs, écouter de la musique différente, être au courant de nouveaux moyens d’expressions, de la manière dont les artistes repoussent les frontières de leur médium.

Que pensez-vous de l’avenir de la distribution de films documentaires ?
Bien sûr, c’est bien des films que l’on pense différents, ou beaux, juste pour qu’ils existent, mais je veux aussi que mes productions soient vues. Dans un monde où les budgets sont tout le temps revus à la baisse et les opportunités de financement s’amenuisent, je reste optimiste. Je pense que le public à travers le monde est au fait de l’existence du documentaire et veut avoir accès à plus d’offres. Il y a quelque chose dans l’air. Cette année, le documentaire sur les apiculteurs Honeyland [+lire aussi :
critique
bande-annonce
interview : Ljubomir Stefanov, Tamara …
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fiche film
]
est entré dans l’histoire en étant nommé aux Oscars comme meilleur documentaire ET meilleur film étranger.

La question de l’accès est primordiale, ceci dit. Un grand nombre de festivals à travers le monde font un excellent travail et montrent de super films. Mais on a aussi besoin de nouvelles initiatives, et certaines sont vraiment bien, comme la plateforme VOD Tënk en France, qui s’étend aussi à d’autres pays.

Quels projets avez-vous en cours ?
J’ai une société en Belgique et une autre en France. Les deux produisent des documentaires et des fictions pour des jeunes réalisateurs et réalisatrices du monde entier sur un vaste ensemble de sujets :
-Lash, le premier film de Mojtaba Bahadori, un réalisateur iranien, sur l’exil et la question de “domicile”.
-Le second film documentaire d’Angie Obeid, Yalla, Baba !, un beau voyage sur la route entre père et fille entre Bruxelles et Beyrouth.
-J’ai récemment commence à travailler avec la photographe et réalisatrice Salomé Hévin sur un film qui s’appelle The Passage, sur un refuge pour enfants dans la région de l’Oural et la masculinité dans la Russie contemporaine.
-Le format court de fiction Waldenia par la réalisatrice belge Frédérique de Montblanc, dont j’avais produit le premier documentaire Dragon Women, qui sortira en 2020.
-J’ai aussi d’autres projets en développement, dont l’adaptation d’un roman et un blockbuster expérimental (!)

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Emerging Producers est un programme de promotion et de formation qui rassemble des talents de la production dans le champ du documentaire européen. Ce programme est organisé et dirigé par le Festival international du documentaire Ji.hlava.

La date limite de dépôt des candidatures pour l’édition 2021 de Emerging Producers est le 15 mars, 2020.

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(Traduit de l'anglais par Florian Etcheverry)

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