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"Pour les plateformes, la question de la cible se pose différemment"

Dossier industrie: Animation

Sébastien Onomo • Producteur, Special Touch Studios

par 

Le pilote de Special Touch Studios nous parle de ses trois projets, signés Denis Do, Nadia Nakhlé et Anca Damian, en vitrine à Cartoon Movie et de la conjoncture pour la filière

Sébastien Onomo  • Producteur, Special Touch Studios

Producteur associé aux Films d’Ici (avec notamment à son actif Funan [+lire aussi :
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), Sébastien Onomo a ouvert en parallèle en 2015 Special Touch Studios auquel vient de s’ajouter récemment Creative Touch Films afin d’accompagner des ambitions de croissance dans tous les genres cinématographiques (dont les détails seront dévoilés bientôt). Cette semaine, Special Touch Studios est en action au 23e Cartoon Movie (du 9 au 11 mars en ligne – lire la news) où il ne compte pas moins de trois projets parmi les 55 sélectionnés : en développement Sorya de Denis Do et en concept Les Oiseaux ne se retournent pas (Birds Don't Look Back) de Nadia Nakhlé et Starseed d’Anca Damian (en coproduction avec Aparte, la société de la réalisatrice roumaine). Un trio qui densifie encore un très joli line-up de longs d’animation incluant également entre autres Allah n'est pas Obligé de Zaven Najjar (article) qui est en production ou encore Sidi Kaba et la porte du retour de Rony Hotin (en développement avancé).

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Cineuropa : À quel point vos trois projets sélectionnés cette année à Cartoon Movie reflètent-ils la ligne éditoriale de Special Touch Studios ?
Sébastien Onomo :
La ligne éditoriale est axée sur des projets et des porteurs de projets en lien avec l’Afrique, les Antilles, les Caraïbes, l’Asie et les cultures urbaines. Et nous sommes très portés sur la diversité et l’inclusion. Sur la dimension Asie, avec Sorya, nous renouvelons avec Denis Do une collaboration initiée avec Funan. Avec Starseed, Anca Damian s’attaque au sujet extrêmement intéressant qu’est l’animisme en Afrique sub-saharienne. Quant à Nadia Nakhlé avec Les Oiseaux ne se retournent pas, elle fait partie d’une génération que j’ai vraiment envie d’accompagner et qui traite des thématiques de la diversité et de l’inclusion dans ses films.

Vous n’hésitez pas produire des films ciblant adultes et jeunes adultes, pourtant réputés beaucoup plus difficiles à financer. Pourquoi ?
D’abord, l’engagement que nous avons, c’est d’accompagner des visions d’auteurs et c’est cela qui prime. Nous essayons de trouver les meilleurs schémas de financement et je pense que des partenaires vont s’inscrire progressivement dans cette logique qui est d’avoir les meilleurs films pour qu’ils aillent ensuite chercher leurs publics. Le contexte actuel est compliqué au niveau de la salle dont je reste un fervent défenseur, mais avec l’adaptation en France de la directive SMA vont se développer de nouveaux modèles économiques qui vont intégrer les plateformes dans la chronologie des médias et des financements. Et pour les plateformes, la question de la cible se pose différemment que pour un média traditionnel. Je pense qu’on est en train d’assister à une phase d’émergence car il y a encore seulement trois ans, les gens n’avaient en tête que deux références en termes d’animation adulte : Persepolis [+lire aussi :
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interview : Marc-Antoine Robert
interview : Marjane Satrapi, Vincent P…
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et Valse avec Bachir [+lire aussi :
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fiche film
]
. Là, on constate que progressivement des titres s’ajoutent à ces références. C’est le signe que le marché évolue, que les goûts sont en train de se diversifier au niveau de l’animation. Avec nos productions qui arriveront dans deux ou trois ans, l’idée est de s’inscrire dans la continuité de ces goûts en train d’évoluer et de ces plateformes qui, je pense, vont avoir de plus en plus d’appétence pour cette diversité que nous sommes capables de produire en animation, tant sur les sujets que sur les techniques et les démarches artistiques.

Quelle est votre analyse de la conjoncture très difficile et des perspectives d’avenir à moyen terme ?
Les distributeurs ont fortement ralenti, et c’est normal vu le contexte, leurs positionnements sur des films futurs. Mais l’animation a une temporalité différente avec des films qui arriveront dans deux ou trois ans auprès du public, à une période dont on parie tous quand même qu’on sera sorti de cette situation compliquée que le monde traverse et qu’on aura passé le gros du désengorgement des films qui sont en attente de distribution et de diffusion. J’ai eu de la chance, car je n’ai eu que des décalages de calendrier pour mes deux projets au Films d’Ici qui étaient déjà financés : l’animation de La Sirène de Sepideh Farsi (lire l’article) va débuter à la fin du mois et le long métrage documentaire Les suppliciés de Stéphane Malterre et Garance Lecaisne (avec le soutien notamment de l’avance sur recettes du CNC, d’Eurimages et du fonds bilatéral franco-allemand) va bientôt entrer en tournage. Mais je suis un peu inquiet pour la santé financière et la capacité à durer des producteurs qui ne font pas d’animation. Je me demande comment s’ils vont tous réussir à tenir jusqu’à 2023 car beaucoup ont besoin d’avancer sur leurs projets. Sans visibilité, sans schéma, sans informations sur comment on reprend : tout cela des répercussions sur l’ensemble de la filière. Aujourd’hui, je commence à dire à des auteurs qu’on ne va pas se lancer dans de nouveaux développements, mais se concentrer sur ceux que l’on a, car ce qui semble se profiler, c’est qu’il n’y aura pas de sortie de films "frais" avant 2022- début 2023. Et en salles, on redémarrera sans doute avec des jauges de survie avant qu’elles ne soient des jauges de rentabilité, donc il est clair qu’il va falloir être patient.

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