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FILMS France

Diamant noir : un miroir transparent sans fond

par 

- Arthur Harari signe un premier long très prometteur avec l'histoire d'une vengeance shakespearienne dans une famille de diamantaires d'Anvers

Diamant noir : un miroir transparent sans fond
Niels Schneider dans Diamant noir

"Trace un chemin à la lumière dans la pierre". C'est au coeur du monde secret et à priori très bien protégé des diamantaires que le jeune cinéaste français Arthur Harari a situé l'intrigue de son premier long métrage, Diamant noir [+lire aussi :
bande-annonce
interview : Arthur Harari
fiche film
]
, prix spécial du jury au festival du film policier de Beaune et démarquant très nettement son auteur dans le panorama des nouveaux talents du cinéma européen, à tel point qu'on se demande bien par quel curieux hasard les grands festivals internationaux ne lui ont pas offert un strapontin. La réponse tient sans doute à son audace et à sa relative (et passionnante) étrangeté esthétique. Car Diamant noir ne se contente pas de mêler avec une grande habilité film noir et tragédie familiale à la Hamlet (dans la lignée par exemple de The Yards de James Gray), atmosphère karmique empoisonnée et description ultra-réaliste du milieu très fermé des diamantaires. Le film emprunte en effet une enveloppe formelle très stylisée, poussant très fort sur les contrastes et les couleurs, dans un parti pris de lyrisme mélodramatique totalement inhabituel dans la production actuelle et s'inscrivant dans une filiation où se croisent notamment Vincente Minnelli et Brian de Palma. Bref, Diamant noir sort vraiment de l'ordinaire et son ouverture en est une parfaite démonstration avec un gros plan sur un oeil fermé tressaillant comme sous l'effet d'un mauvais rêve et un enchaînement sur une séquence aux tonalités quasi irréelles et néanmoins d'une grande violence avec un adolescent se mutilant la main à la suite d'une erreur et d'un instant fatal de distraction lors de la taille d'un diamant. 

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Le jeune garçon de ce souvenir reconstitué dont on ne saura jamais s'il est totalement véridique ou non, c'est le père de Pier Ulmann (l'excellent et étonnant Niels Schneider), un jeune homme vivant à Paris une double vie : officiellement la réfection d'appartements et en coulisses des cambriolages orchestrés par Rachid (le regretté Abdel Hafed Benotman) qui fait office de mentor et de père de substitution pour Pier. Mais l'annonce du décès de son vrai géniteur qu'il n'avait pas vu depuis de longues années et qui a terminé sa vie dans une misère pitoyable, va ramener à la surface la culpabilité et une trouble histoire familiale qui mine Pier et nourrit une soif aiguë de vengeance ("je veux leur faire du mal, je veux qu'ils souffrent) alimentée par le sentiment de l'injustice et du déclassement social. En effet, son père aurait été rejeté par sa famille, des diamantaires d'Anvers, puis spolié de son héritage par son frère Joseph (Hans-Peter Cloos). Saisissant l'opportunité d'un travail de rénovation de bureaux que lui propose son cousin Gabi (August Diehl), par "charité", gentillesse ou simple expression de domination, Pier va s'introduire peu à peu dans l'intimité  de la famille Ulmann et à l'intérieur du quartier ultra-sécurisé de trois rues abritant les locaux des diamantaires anversois, un monde cloisonné dont il s'initie aux codes et dont il découvre les côtés obscurs avec l'idée d'un braquage en préparation... Mais comme dans les tragédies antiques, les fils s'opposent aux pères, les malédictions se transmettent, la vision de l'avenir se dessine en trompe-l'oeil, et les dés parfaits du destin se mettent à rouler...

Conçu comme un récit à multiples facettes (sur un scénario écrit par le réalisateur avec Vincent Poymiro et Agnès Feuvre), à la fois abstraction et équation sans jamais perdre le fil d'une sorte de thriller "documentaire" où l'on voyage des ateliers de l'Inde aux coffres forts des sociétés occidentales, Diamant noir traite avec une subtilité très originale le thème de la complexité de la réalité et ouvre à son jeune réalisateur Arthur Harari des perspectives très prometteuses. Un avenir placé sous les meilleurs auspices auquel il faut associer le producteur David Thion (qui a notamment accompagné les premiers films de MiaHansen-Løve) pour Les Films Pelléas, ainsi que Ad Vitam qui distribue aujourd'hui le long métrage en France et Films Distribution qui pilote les ventes internationales.

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