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Frédéric Jouve • Producteur

"Si on empêche la singularité d’exister, dans dix ans, il n’y aura plus rien"

par 

- Le producteur Frédéric Jouve parle de Comme des garçons et de la ligne éditoriale des Films Velvet, des comédies aux films de Rebecca Zlotowski

Frédéric Jouve • Producteur

A l’occasion de la sortie nationale de Comme des garçons [+lire aussi :
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de Julien Hallard, une excellente et intelligente comédie (sur la première équipe de football féminin en France), Frédéric Jouve évoque la ligne éditoriale de sa société de production Les Films Velvet, ses projets avec Rebecca Zlotowski, Farid Bentoumi et Grégory Magne, ainsi que la conjoncture des financements dans l’Hexagone.

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Cineuropa : Les comédies que vous produisez, à l’image de Comme des garçons ou de Good Luck Algeria [+lire aussi :
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sont assez différentes des standards français du genre. Comment analysez-vous cette partie de votre ligne éditoriale ?
Frédéric Jouve : Concernant Comme des garçons, je travaille avec le réalisateur Julien Hallard depuis plusieurs années et j’ai produit tous ses courts qui étaient plutôt au départ des films très auteur, passés notamment à Locarno et à Venise. Au fur et à mesure, il s’est affirmé dans ce style de comédie indé à l’anglaise que j’aime beaucoup. Nous avions envie d’aller vers de la comédie avec des sujets, ce qui était aussi le cas de Farid Bentoumi avec Good Luck Algeria. Le cinéma d’auteur pur ou la comédie, pour moi, c’est un peu pareil. Je n’ai pas d’à priori sur les genres de films. Tout m’intéresse pourvu que ce soit porté par des cinéastes qui ont des choses à raconter et c’est le cas depuis 11 ans que Les Films Velvet existent avec Rebecca Zlotowski, Thierry de Peretti, Farid, Julien et les autres. Produire de la comédie permet aussi de donner un équilibre à la société, de faire à la fois un premier film très auteur comme Willy 1er [+lire aussi :
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qui est passé par Cannes à l’ACID et que nous avons produit pour pas grand-chose, et Comme des garçons qu’on fait avec Mars et qui a eu un peu plus de budget. Je défends l’idée qu’on peut parler de sujet de société, soit de manière grave, soit de façon plus légère ce qui marche aussi et ce qui permet aux spectateurs de se distraire et de ressortir avec un peu de contenu. 

Comment est accueilli ce type de comédie, qui n’est pas dans le registre du vaudeville, par les potentiels partenaires financiers ?
Ce qui était compliqué, c’était que Comme des garçons et Good Luck Algeria étaient des premiers films. Que ce soit une comédie ou un drame, c’est toujours complexe de financer un premier film. Mais les chaînes TV et les distributeurs étaient plutôt friands des deux films sur scénario. Tout le monde n’est pas venu car il n’y a pas d’immédiateté pour ce type de film, mais il n’y a pas eu non plus de grandes difficultés. Cependant, nous sommes tenus de fabriquer dans des budgets très raisonnables. Comme des garçons est autour de 3,5 M€ alors qu’il y a eu 40 jours de tournage, des costumes d’époque, dix comédiennes en permanence. Nous avons lutté pour le fabriquer pour pas cher. C’est aussi une manière de faire des films intelligents de les produire pour le moins cher possible afin de trouver un équilibre financier assez rapidement.

Quelle est votre analyse de la conjoncture des financements de la production cinématographique en France ?
Je suis un peu comme tout le monde, je ne sais pas trop. Canal+ et Orange sont toujours là, pour l’instant. Ce qui est sûr, c’est que cela va bouger très vite. Je crois savoir que Netflix va arriver en force dès l’été en France, avec le désir de créer du contenu français rapidement. Cela va ouvrir des brèches. Mais en même temps, la problématique avec Netflix, c’est d’être juste un producteur exécutif de contenu, et plus vraiment un producteur. Et les films ont une exposition très singulière. C’est un peu Big Brother qui débarque ! Je pense que cela dépendra surtout des films. Ce sera très compliqué dans un avenir proche pour les films très fragiles qui vont devoir se fabriquer avec trois fois rien. Les auteurs installés vont réussir à rester à peu près en place, mais cela va être très dur de faire émerger de nouveaux talents, de faire des films très différents. Malheureusement, cela risque de standardiser les productions, mais pendant un temps seulement. Après, il y aura sûrement des moyens d’inventer des choses. Les films qui ont marché récemment, comme 120 battements par minute [+lire aussi :
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, sont signés par des auteurs qui ont réalisé des films très singuliers avant, et tous les grands auteurs français actuels, les Ozon, Desplechin et autres Assayas, ont commencé par des films très singuliers. Si on empêche la singularité d’exister, dans dix ans, il n’y aura plus rien. 

Quels sont vos projets pour le second semestre 2018 ?
Entreront en production la comédie Berline de Grégory Magne (L’Air de rien [+lire aussi :
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), Rouge de Farid Bentoumi qui sera l’histoire d’un lanceur d’alerte dans une usine toxique, Teddy de Ludovic et Zoran Boukherma que nous allons coproduire avec Baxter Films, et Une fille facile de Rebecca Zlotowski qui sera un film 100% français. Et nous continuons évidemment à produire des courts pour découvrir de nouveaux auteurs car c’est dans l’ADN de la société.

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