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Heleen Gerritsen • Directrice, Festival goEast

“Les temps sont troubles, mais aussi intéressants"

par 

- Entretien avec la nouvelle directrice générale et artistique de goEast, Heleen Gerritsen, à la veille du coup d'envoi de la 18e édition de l'événement

Heleen Gerritsen  • Directrice, Festival goEast
(© Angelika Stehle)

Le Festival goEast, qui est un des mieux établis parmi les festivals dédiés au cinéma centre- et est-européen, va célébrer cette année sa 18e édition, qui commence dès demain 18 avril et va se poursuivre jusqu'au 24 avril à Wiesbaden, en Allemagne. Nous avons rencontré la nouvelle directrice générale et artistique de l'événement, Heleen Gerritsen, pour l'interroger sur les challenges qui se sont présentés à elle en entrant dans ses nouvelles fonctions ainsi que sur la sélection de cette année, et les forces et perspectives d'avenir du cinéma d'Europe centrale et d'Europe de l'Est.

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Cineuropa : Cette 18e édition de goEast va être votre première en tant que directrice du festival et directrice artistique. Quels objectifs vous êtes-vous fixés pour cette année ? Quels challenges se présentent pour vous ?
Heleen Gerritsen :
Le coeur de goEast reste le même. Nous projetons une vaste sélection de films centre- et est-européens : des fictions, des documentaires, des films d'animation, des oeuvres hybrides et à présent, également des travaux à 360 degrés et en réalité virtuelle.

Pour ce qui est des défis auxquels nous faisons face, l'Europe de l'Est n'a pas une bonne réputation, politiquement, en ce moment, de sorte qu'il est tentant de sélectionner principalement des films qui traitent de sujets politiques brûlants, parce que le public est familier avec ces questions d'actualité, couvertes par les médias. Cependant, on ne saurait attendre de chaque réalisateur qu'il se dévoue exclusivement à faire des films destinés à éduquer le public occidental sur la politique de son pays d'origine ou ses aspects spécifiques. De fait, si un réalisateur propose un documentaire beau et poétique sur la nature, je le présente avec joie. Cela dit, il est plus dur de trouver un public pour les films avec des narrations introverties et des sujets abstrait. Au bout du compte, il faut trouver un juste équilibre.

Quelles sont pour vous les atouts principaux du cinéma centre- et est-européen ? Sont-ils manifestes dans la sélection de cette année ?
Les temps sont troubles, mais aussi intéressants. La manière qu'a le cinéma de cette région de combiner une éducation traditionnelle en matière de cinéma, un accent mis sur l'importance de faire un formidable travail avec la caméra et une envie très forte de raconter des histoires a abouti cette année à une sélection très riche. J'ai aussi été surprise par le grand nombre de propositions très fortes par des réalisatrices – pour d'autres festivals allemands (et internationaux), il semble que ce soit un gros problème, qu'un nombre insuffisant de femmes présentent des films, mais je me rejouis de pouvoir dire que nous n'avons pas eu ce problème et que nous avons ainsi pu élaborer un programme excellent et varié, représentant beaucoup de récits et de points de vue différents.

Que dites-vous de l'avenir du cinéma d'Europe centrale et d'Europe de l'Est ?
Grâce aux programmes européens, comme Eurimages et MEDIA, les coproductions internationales sont maintenant répandues en Europe centrale. J'admire aussi beaucoup le fait qu'un grand nombre d'instituts du cinéma, dans beaucoup de pays centre-européens, parviennent à continuer de proposer des aides aux réalisateurs et à résister à toute la pression politique. Hélas, nous savons tous combien il est facile de détruire des structures qui ont pris des années à être construites, donc à dire vrai, je suis préoccupée pour l'avenir du cinéma de cette région, bien qu'il fonctionne très bien en ce moment dans le circuit des festivals.

Quelles sont les avantages principaux qu'il y a, pour un jeune réalisateur, à participer aux programmes East-West Talent Lab ou OPPOSE OTHERING! ?
Le Labo aux talents Est-Ouest de goEast est un programme de formation et de développement de projets pour les réalisateurs émergents, mais c'est aussi, pour les jeunes professionnels d'autres métiers du secteur (producteurs, distributeurs, organisateurs de festivals, enseignants) une occasion de réfléchir ensemble à l'industrie du film de demain. OPPOSE OTHERING! traite de problèmes comme l'intégration des minorités, la parité des chances et la pression politique.Je pense qu'il est très important de parler aussi des questions éthiques, dans le domaine de la production audiovisuelle.

Vous êtes aussi en train de réinventer le Prix Open Frame, avec un accent mis sur la réalité virtuelle. Pouvez-vous me parler de ce changement ?
La réalité virtuelle comme médium a enfin atteint un niveau technologique qui rend les contenus réellement regardables et plaisants, même pour ceux qui portent des lunettes comme moi. Il y a déjà des événements excitants en la matière, à Minsk, à Moscou, à Bucarest et à beaucoup d'autres endroits, mais en regardant la sélection des grands festivals et événements dédiés à la VR, il y a très peu d'oeuvres d'Europe centrale et d'Europe de l'Est. Pour goEast, c'est une excellente occasion de remplir ce vide, au moins un peu. Nous présentons huit travaux, entre Francfort et Wiesbaden.

En plus de regarder vers l'avenir, goEast a un programme très bien curaté sur l'Histoire du cinéma. Quel sera cette année son grand axe ?
2018 est une année qui déborde de commémorations d'événements historiques que nous ne pouvons pas ignorer. D'abord, c'est le cinquantenaire du Printemps de Prague. Notre programme Prague 1968 juxtapose le légendaire Oratorio for Prague de Jan Němec avec des œuvres de propagande soviétique et une petite sélection de films de fiction de la nouvelle vague tchécoslovaque des années 1966-1968. Le symposium de l'année sera dédié au cinéma des pays baltes, à l'occasion du centenaire de l'indépendance de l'Estonie, de la Lettonie et de la Lituanie. Sous le titre "Identités hybrides, cinéma balte", des universitaires, des réalisateurs et des journalistes analyseront le développement progressif de langages cinématographiques particuliers dans ces pays, même à l'époque soviétique. Une sélection de films va accompagner le symposium qui présentera par exemples des classiques de l'école du documentaire poétique de Riga, comme 235.000.000 d'Uldis Brauns (1967), une rétrospective sur le cinéma d'animation comprenant des travaux de Priit Pärn et de réalisateurs de nukufilm comme Riho Unt et Mait Laas, et bien plus encore.

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(Traduit de l'anglais)

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