email print share on Facebook share on Twitter share on LinkedIn share on reddit pin on Pinterest

Justine Triet • Réalisatrice

"Ce qui m'amuse, c'est l'imprévu"

par 

- CANNES 2016 : Rencontre avec la réalisatrice française Justine Triet, qui a ouvert avec Victoria la Semaine de la Critique

Justine Triet • Réalisatrice

Après son très remarqué premier long métrage La Bataille de Solférino [+lire aussi :
critique
bande-annonce
fiche film
]
, la réalisatrice française Justine Triet a ouvert hors compétition la 55e Semaine de la Critique du 69e Festival de Cannes avec la fantasque comédie Victoria [+lire aussi :
critique
bande-annonce
interview : Justine Triet
fiche film
]
.

Cineuropa : Pourquoi avoir décidé de traiter de nouveau avec Victoria le sujet d'une femme prise entre son activité professionnelle et son existence personnelle ?
Justine Triet : je voulais vraiment faire un portrait de femme assez complexe. Dans La Bataille de Solférino, c'était divisé entre le personnage féminin et le masculin, alors que l'idée cette fois était d'être sur le point de vue de la femme et de montrer une femme assez puissante qui va dégringoler, exploser en vol et renaître. Le film est né de ce désir. Ensuite sont venues l'idée qu'elle soit avocate et celle des doubles procès. Enfin, il y a eu très vite l'idée que le sexe envahirait tout sans que l'on n'en voit rien, avec tous les personnages qui en parlent : son ex parle de la vie sexuelle de Victoria, elle en parle à son psy, son meilleur ami lui parle de ses problèmes sexuels, etc.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

Le film intègre beaucoup de strates différentes. Le scénario a t-il est difficile à écrire?
C'était très dur à pitcher (rires). Cela a pris beaucoup de temps pour peaufiner l'écriture. Le scénario est finalement assez classique, mais ce qui était délicat, c'était d'arriver à tout faire rentrer et que cela s'enchaîne de façon fluide, car il y a beaucoup de choses dans ce double récit qui s'insère dans la vie de Victoria.

Quid du choix du genre de la comédie ?
Dès l'écriture, je me suis rendu compte que je prenais beaucoup de plaisir à me libérer d'un certain naturalisme qu'il y avait dans La Bataille de Solférino. Au début, j'étais partie sur quelque chose de peut-être moins fantasque, mais j'ai très vite constaté que pour faire le portrait d'une avocate, j'aurais eu besoin d'une série et que les séries faisaient cela beaucoup mieux que moi. Donc, il fallait pousser le curseur plus loin pour que cela ait un intérêt. Et puis, tout simplement, cela m'amusait. Ensuite, au tournage, je me suis dit qu'il fallait qu'il y ait quand même énormément d'émotion, que ce ne soit pas juste une comédie hyper légère. D'ailleurs, je n'arrive pas à savoir moi-même si c'est une vraie comédie ou une comédie dramatique.

Un chien, un singe : vous avez introduit des personnages inattendus...
Ce qui m'amuse, c'est l'imprévu et les animaux me permettaient d'amener plus de fantaisie et d'absurde dans le film, pour m'éloigner un peu du côté "tristounet" des affaires de moeurs. Et j'aime tourner avec des éléments perturbateurs : des enfants, des animaux, des acteurs non-professionnels. 

Quelles étaient vos intentions en termes de mise en scène ?
Ce n'est pas parce que le film raconte un chaos qu'il fallait le filmer de manière chaotique. C'était plutôt l'inverse : il était beaucoup plus intéressant de le filmer de façon précise et contrôlée. Après, il ne faut pas se leurrer : les films dépendent beaucoup du budget qu'il ont. Pour La Bataille de Solférino, nous n'avions même pas 500 000 euros et filmer à l'épaule avait été un choix, mais aussi une nécessité. Avec trois mois de tournage pour Victoria au lieu de 24 jours pour mon film précédent, des questions se sont posées qui ne s'étaient jamais posées avant. Je n'aurai pas eu le temps par exemple de me demander si je voulais que le mur du tribunal soit bleu foncé ou rouge, j'aurais forcément pris ce que j'avais devant moi. Après, j'ai vraiment le sentiment d'avoir toujours les mêmes obsessions et que ce film m'est tout aussi personnel que le précédent en termes de sujet, d'ambiance, d'atmosphère et de chaos.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

Vous avez aimé cet article ? Abonnez-vous à notre newsletter et recevez plus d'articles comme celui-ci, directement dans votre boîte mail.

Lire aussi

Privacy Policy