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Arthur Harari • Réalisateur

"La lumière ne peut exister sans une obscurité profonde"

par 

- Director Talk s’est entretenu avec Arthur Harari à propos de son film Diamant noir, au programme du Rendez-vous with French Cinema, à New York

Arthur Harari • Réalisateur
(© Paul Grandsard)

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, d’Arthur Harari, est un film noir parfaitement orchestré. C’est un film éclatant de couleurs, avec des performances d’acteurs fascinantes et une musique obsédante, qui réussit à vous affecter comme seuls les films noirs savent le faire. Director Talk a profité du festival ''Rendez-vous with French Cinema''de New York pour discuter du film avec son réalisateur. 

Director Talk : Vous avez choisi de tourner ce film en couleurs, tout en mettant l’accent sur la lumière, un élément crucial dans les films noirs. Comment avez-vous organisé l’éclairage de ce film ? Souhaitiez-vous le mettre en avant ?
Arthur Harari : C’est mon frère aîné qui s’est chargé de la photographie. Nous travaillons toujours ensemble, et avons collaboré étroitement à la préparation de Diamant noir. Nous voulions que l’image de ce film ait une forte personnalité. Nous n’avions pas songé à la lumière en tant que concept au début, mais dans la mesure où le diamant a tout à voir avec la lumière, et que l'idée de sculpter la lumière faisait partie du scénario, nous nous sommes rendu compte petit à petit que nous tenions là une parfaite métaphore du cinéma, autant que de la recherche de la vérité.

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Nous voulions créer quelque chose de différent de ce qu’on voit habituellement dans les films français, et même de ce que mon frère et moi avions fait jusque-là. Du coup, ça a vraiment été sympa d’expérimenter ainsi. Nous ne savions pas réellement à quoi le film allait ressembler avant la fin de la post-production, ce qu'allaient donner ces couleurs très vives, cette atmosphère très dense et la force de cet éclairage. Cependant, la lumière ne peut exister sans l’ombre et sans l’obscurité profonde, et c'est aussi ça le thème du film.

Le commerce des diamants à Anvers était-il le point de départ de votre scénario ou est-ce un élément que vous avez intégré par la suite ?
J’ai découvert ce milieu pendant que je travaillais sur le scénario. Je n’en avais jamais entendu parler avant. Ce n’est pas là que le film était censé se passer au départ. Nous voulions le tourner dans une ville en Suisse où sont fabriquées des montres de luxe. C’était un endroit vraiment intéressant, avec la neige, la montagne, mais, au tout début du projet, quelqu’un a lu les premières pages du scénario et a dit : "Il y a cet endroit absolument incroyable à Anvers qui n’a jamais servi de décor principal pour aucun film : c’est le quartier des diamantaires". Je ne voyais que vaguement à quoi l'endroit ressemblait, et n’avais qu’une représentation fictive de ce quartier juif orthodoxe, mais il s’agit en réalité d’un endroit bien plus cosmopolite et plus complexe que ce que je pensais. Par exemple, nous avons découvert avec beaucoup d’intérêt que les Indiens n’ont cessé de gagner de l’importance à Anvers et sur le marché mondial du diamant en général ces vingt dernières années. Cela nous donnait une occasion de briser les clichés concernant cet endroit et le thème de l’industrie du diamant. Pour ce qui est de mon personnage – un étranger qui arrive dans ce milieu, cette famille, cette ville –, il est de plus en plus surpris par ce monde, notamment par tout ce qu’il va découvrir en allant en Inde.    

Pourquoi avoir choisi le film noir ?
La réponse est toute simple : mon grand frère et moi avons découvert le cinéma à travers les films noirs. Quand j’avais neuf ou dix ans, il y a eu cette énorme rétrospective des films de la Warner Bros à Paris. J’étais totalement fasciné par des gens comme Humphrey Bogart. C’était comme un autre monde, et je voulais ressembler à ces héros. J’ai développé une véritable passion pour ce genre. Par la suite, quand j’ai décidé de devenir réalisateur et d’étudier le cinéma à l’université, j’ai bien sûr regardé des tas de films différents, de toutes provenances et de tous styles. C'est là que j'ai découvert le cinéma français, la Nouvelle Vague, mais le film noir est toujours resté mon premier amour. 

En choisissant la musique, avez-vous tenu compte des conventions du genre noir ?
Oui, bien sûr, mais là encore l’idée n’était pas de faire dans le cliché de ce qu’on pourrait attendre de ce genre de musique. Avant de choisir Olivier Marguerit, j’ai rencontré Raf Keunen, un compositeur belge qui avait fait la bande-son de Bullhead [+lire aussi :
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: c’est quelqu’un de très talentueux, mais l’orchestration qu’il proposait était un peu trop fournie, et je craignais que le film ne soit écrasé par la musique et ne devienne cliché. C’est pour ça que j’ai choisi de travailler avec Olivier, qui est chanteur et compositeur de pop et de folk mais compose aussi avec talent de la musique classique. Depuis deux ans que j’écrivais ce scénario, un air me trottait dans la tête, et c’est devenu le thème musical principal. J’ai d’abord sifflé cet air à mon frère, qui est aussi musicien. Il l’a joué à la guitare en le sifflant et s’est enregistré. J’ai donné cet enregistrement à Olivier qui a travaillé dessus. Il a gardé le thème et en a créé deux autres qui ont  constitué le contrepoint. 

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(Traduit de l'anglais)

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