25/03/2024 - Le virtuel et le réel font des étincelles dans la comédie romantique et sociologique venue de Norvège, créée par Jakob Rorvik

Elle serait pas un peu surestimée, la réalité ? Ida (Gina Bernhoft Gorvell) vit une relation amoureuse épanouissante avec Marvin (Jacques Colimon) en dépit des milliers de kilomètres qui les séparent. Grâce à un jeu en réseau et l’interaction de leurs avatars dans un espace virtuel, Ida et Marvin se réveillent côte à côte, s’embrassent, se touchent, boivent même du champagne ensemble pour célébrer leur troisième anniversaire. Le monde d’Ida s’écroule le jour où Marvin lui annonce qu’il a rencontré quelqu’un ‘IRL’ (comprenez ‘In real life’, c’est-à-dire dans le monde physique). Guidée par sa colère et son gang d’amis virtuels, la jeune fille se lance dans l’arène bien réelle du dating à Oslo pour se venger de Marvin, et lui prouver que non, le virtuel et le réel non sont pas deux choses séparées.

Avec son héroïne introvertie et sa photographie plutôt sombre, la série Dates in Real Life (Meilleure série dans la section Panorama International de Séries Mania – lire la news), créée et réalisée par Jakob Rorvik, débarque un peu sans crier gare. C’est pourtant connu, mieux vaut se méfier des apparences. Un thème pleinement exploré dans cette romance d’un nouvel âge, utilisant notre connaissance des codes rabâchés de la comédie romantique pour nous surprendre dans nos préjugés. La trame est classique : Ida vient de se faire larguer et se jette à l’eau pour retrouver l’amour. On se doute qu’une série de prétendants loufoques l’attend. Et qu’en plus de découvrir l’âme sœur avant la fin, elle risque bien de se trouver elle-même. La mise en scène évite elle aussi les chemins de traverse, et s’assure avant tout que le va-et-vient entre le virtuel et le réel soit bien lisible. Là où Dates in Real Life se démarque, c’est à travers son point de départ virtuel, et son héroïne découvrant avec étonnement les pratiques dites ‘normales’ du dating IRL.

La ronde des rendez-vous démarre dès le premier épisode et, arrachés à la tendresse initiale de Marvin pour se confronter au malaise d’une rencontre anonyme dans un bar, on est pris d’une envie. Comme Ida, on rêve d’aller se réconforter dans le virtuel, qui nous semble soudain bien plus réel qu’artificiel. L’air de rien, c’est une petite leçon d’humilité pour les spectateurs enclins à considérer les échanges virtuels comme de sous-interactions sociales. En quelques secondes, l’inconnu devient familier et la norme est démasquée dans toute ce qu’elle a d’arbitraire. Pas le temps de trop y penser, car l’humour se glisse rapidement dans la danse : “C’est ton quantième rendez-vous ?” demande Ida à son premier rencard. “Le cinquantième, et toi ?” Le ton est donné, et l’empathie avec Ida est assurée.

La suite a le bon goût d’éviter les répétitions, tout en respectant les immanquables du jeu de l’amour et du hasard. Ceux du vint-et-unième siècle (un swipe à gauche, un swipe à droite, quelques mensonges sur les applis), sans oublier les intemporels (la peur de la première fois, la jalousie, le soutien des amis). Plus qu’une bonne idée, la confrontation d’une héroïne asociale à la romance du monde (dit) réel dépasse ici le gimmick du poisson hors de l’eau. Car en plus de l’éveil de ses sens et de sa graduelle envie de romance, l’héroïne encaisse un chagrin d’amour. Le scénario voit donc Ida évoluer à travers ses rencontres et, ce faisant, notre attention ne fait qu’augmenter, tout comme l’émotion à la clef. Reste à savoir où tout cela nous mènera. On croise les doigts pour que passé ses trois premiers épisodes, Dates in Real Life maintienne son ton plus curieux que moralisateur.

Dates in Real Life est produit par les Norvégiens de Maipo Film. Son diffuseur est NRK, et DYNAMIC TELEVISION gère ses ventes internationales.