25/10/2022 - Le Finlandais Jalmari Helander propose dans son nouveau travail, grand vainqueur à Sitges, une réalité alternative, et livre un film aussi irresistible que retors

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fiche film], Quentin Tarantino changeait le cours de l'Histoire, proposant le cinéma comme une arme capable de réécrire le passé. En l’espèce, c’était les nazis qui se faisaient massacrer. Le film était plein d’action, de sang, de bravoure, d'ingéniosité et d’humour, surtout d’humour. Quelque chose de similaire se passe dans Sisu - De l'Or et du Sang [+lire aussi :
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fiche film], le nouveau film de Jalmari Helander, présenté dans la section Midnight Madness du dernier Festival de Toronto puis en compétition officielle au 55e Festival de Sitges, où il a triomphé haut la main, récoltant quatre trophées : meilleur film, meilleur interprétation masculine (pour Jorma Tommila), meilleure musique et meilleure photographie.

Sisu, dont l’action se déroule sur fond de Seconde Guerre mondiale, raconte le voyage à travers le désert d’Aatami Korpi (Tommila, impressionnant dans ce rôle, porte en grande partie le film), un ancien soldat qui va devoir affronter seul les troupes nazies pour défendre le trésor de sa vie. Suivant l'étoile de ses références (le cinéma de Tarantino et, de fait, le western à la Sergio Leone), Helander propose un film d’aventures guerrières audacieux et amusant où la violence n’est, cela dit, pas du tout gratuite. À travers cette histoire chargée d’action sanguinolente, le réalisateur finlandais ose aussi proposer une réalité alternative, et le fait avec talent.

Le film a un excellent point de départ : le réalisateur sait ce qu’il propose et il y va sans hésiter. Sur la forme comme le fond, Helander cherche à faire un film proche du western, amusant sans laisser d'être épique, et pour y parvenir, il utilise très bien les moyens à sa disposition. Dès le départ, la mise en scène, la photographie, la musique (qui rappelle le style d'Ennio Morricone) et l’interprétation solitaire de l'acteur contribuent à composer cet imaginaire. Sisu parle de la banalité du mal, de l’absurdité de la violence, du sens de l’héroïsme, de conquête et de domination, de la quête d’un destin mais aussi du prix de ce destin, et il le fait avec une grande liberté, à travers un jeu avec les genres, avec humour et un certain sens du sarcasme, sans prétention et sans que l'excès ne joue contre lui. Sans perdre de vue son contexte, le film est plein de moments hilarants, de séquences totalement déjantées, mais également d'images superbes. Comme tout western, à sa manière, le film de Helander est aussi une exploration, et à cet égard, un autre de ses points forts est son scénario, pour la quête qu'il relate avec retenue et en silence. Le peu de mots qui se font entendre dans le film renforcent la conscience de la violence qui y est présente et la tension, maintenue tout du long.  

"Sisu est un mot finlandais impossible à traduire. Il se réfère à une forme de courage et de détermination inimaginable. Le sisu se manifeste quand on a perdu tout espoir", est-il annoncé au début du film. Au-delà de l’histoire qu’il raconte, Sisu fait l'effet d'un voyage, un voyage pendant lequel le réalisateur parvient à maintenir et faire aboutir la détermination et la force sur lesquelles il démarre. Le résultat est un film très puissant visuellement, aussi alerte dans ses différents propos qu'irrésistible et tordu.

Sisu - De l'Or et du Sang a été produit par Subzero Film Entertainment. Les ventes internationales du film sont gérées par l'enseigne américaine Sony Pictures Entertainment.

(Traduit de l'espagnol)