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SXSW 2022

Critique : It Is in Us All

par 

- Dans ce film, primé à SXSW, la réalisatrice nord-irlandaise Antonia Campbell-Hughes s’intéresse à des hommes sans femmes

Critique : It Is in Us All
Cosmo Jarvis dans It Is in Us All

Dans It Is in Us All [+lire aussi :
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fiche film
]
d'Antonia Campbell-Hughes, qui vient de valoir à l'ensemble de sa troupe et de son équipe la Reconnaissance spéciale du jury pour une vision cinématographique extraordinaire à SXSW, Hamish (Cosmo Jarvis) n’est tout simplement d’humeur à rien. Il n’est pas d'humeur à flirter avec la gentille dame qui lui remet les clefs de son véhicule de location, et pas d’humeur non plus pour aller revoir la ville où vivait feu sa mère en Irlande. Quand il se retrouve dans un accident de voiture qui finit par coûter la vie d’un jeune garçon, ce n’est même pas si surprenant que ça – l'impression est qu'Hamish a des parties manquantes depuis longtemps déjà, même avant que les médicaments qu'on lui donne ne se mettent à faire effet.

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Mais il y avait un autre gamin dans la voiture ce jour-là, Evan (Rhys Mannion), 17 ans, et quelque chose les rapproche. C’est bien normal, dans un sens ; après tout, ils ont vécu la même chose, la même peur, or les traumatismes tendent à créer un lien entre les gens – il y a beaucoup d’histoires sur ce sujet, y compris des histoires optimistes. Sauf que ce récit-là troque le réconfort contre les tourments intérieurs : la douleur d'Hamish est un puits sans fond. Et même si cette nouvelle amitié, ou cette fascination, tempère un peu sa peine (enfin !), ça ne règle pas le fond du problème. C’est un peu comme quand il met de la super glue sur sa plaie ouverte : ça fonctionne peut-être sur le moment, mais sur le long terme, ce n’est probablement pas une bonne idée.

Campbell-Hughes (qui joue aussi la mère du garçon décédé) nous livre un film sur le genre de solitude qui fait l'effet d'être contagieuse. Elle entoure Hamish de pièces vides et de vastes espaces, mais il n'arrive toujours pas à respirer. Le tout pourrait être un des récits du recueil Des hommes sans femmes de Haruki Murakami. Il est suggéré qu'en cherchant les traces de sa mère défunte, il essaie de panser une cicatrice qui le tourmente depuis bien trop longtemps. On a beau lui dire qu’il a eu "beaucoup de chance" quand il se réveille sur un lit d’hôpital, il n’est pas convaincu. Hamish est déjà très conscient de l'étendue de son malheur, et maintenant Evan aussi, qui persiste à dire qu'il l'a regardé droit dans les yeux juste avant l'accident et qu'il a eu le temps de faire une embardée pour éviter le danger. Alors que ce n'est pas le cas.

Tout est tellement énigmatique qu'il revient à Jarvis d’invoquer des émotions concrètes, et il y parvient. C'est un acteur intrigant dont on peut s'étonner qu'il n'ait pas eu un parcours similaire à celui de sa partenaire dans Lady Macbeth [+lire aussi :
critique
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interview : William Oldroyd
fiche film
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, Florence Pugh. Il est, de fait, amusant d'avoir un rappel de ce qu'il est capable de faire en le voyant passer de l'état d’animal blessé à celui d’homme triste traînant avec de jeunes garçons qui dansent sur ce qui ressemble fort à une version instrumentale de “Genie in a Bottle” de Christina Aguilera, à moins que ce ne soit qu'un rêve. Ce qu'il cherche exactement n’est pas tout à fait clair : son intérêt est-il de nature sexuelle ? Est-ce qu'il se sent tout simplement plus à l'aise avec ces jeunes parce qu'il ne détesterait pas l'idée de revivre sa propre jeunesse ? Quand il doit s’occuper de ses blessures chez lui, c’est de la pure comédie concrète : le scotch multi-usages joue dans ce film un plus gros rôle que le pauvre Claes Bang, enserré dans un étrange mini-rôle sous forme d’appel vidéo où il incarne le père d'Hamish.

Ce que Campbell-Hughes n'offre pas ici en termes d'intrigue, elle le compense en atmosphère. "Tous les aspects artistiques de It Is in Us All, du montage à la musique en passant par les interprétations et la photographie, vont de pair avec l'intention de composer une atmosphère qui vous hante", a fait valoir le jury à SXSW, c’est juste tellement dommage que la réalisatrice décide soudain de tout rendre trop explicite à la fin. Quand on a un secret, Il est vraiment préférable de le garder.

It Is in Us All a été produit par la société irlandaise Pale Rebel Productions.

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(Traduit de l'anglais)

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