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VENISE 2018 Compétition

Critique : Doubles vies

par 

- VENISE 2018 : À six ans d'Après mai, Olivier Assayas revient à Venise avec un film qui montre qu'on ne parle jamais trop, en tout cas pas en France

Critique : Doubles vies
Juliette Binoche dans Doubles vies

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, projeté à Venise en compétition, Olivier Assayas livre un film immensément divertissant sur un éditeur parisien, Alain (Guillaume Canet), qui fait de son mieux pour s'adapter au monde moderne, dominé par la technologie. Autour de lui, tout le monde fait pareil, à commencer par sa femme Selena (Juliette Binoche), comédienne et coincée dans un rôle dans une série populaire qu'elle ne trouve pas du tout épanouissant, et son auteur de longue date Léonard (incarné par un Vincent Macaigne très drôle), qui fait les pires ventes de sa maison d'édition et qu'on interroge davantage sur les batailles Twitter qu'il déclenche dès qu'il va quelque part que sur son dernier roman nombriliste.

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Les personnages de Doubles vies, sympathiques et agaçants à la fois, sont tous totalement égocentrés, même si on les voit causer de lectorat, de prises de contrôle imminentes dans des entreprises numériques, de l'influence en baisse des critiques comme arbitres du goût – ce qui n'a pas manqué de faire glousser certains des critiques présents dans la salle à Venise.

Il est vrai que ce film est sans doute le plus drôle qu'ait fait Assayas depuis des années, ou peut-être de toute sa carrière. Il en fait parfois un peu trop (le passage avec Julia Roberts qui fait Julia Roberts dans Ocean’s Twelve n'était pas nécessaire, par exemple), le scénario (du réalisateur lui-même) n'en reste pas moins exquis, et chaque personnage a son moment. On les voit se disputer, avoir des liaisons, et surtout parler, parler, et reparler, arrivant à produire des réparties mémorables tout du long.

Dans la mesure où le dernier film en date d'Assayas avant celui-ci, Personal Shopper [+lire aussi :
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, s'articulait autour de sms (et d'éléments surnaturels – on y reviendra), on comprend qu'il se préoccupe présentement des nouvelles technologies et de la manière dont elles influencent les comportements, et de fait, on se prend à imaginer le réalisateur lui-même avoir des conversations similaires à celles qu'ont les personnages de Doubles vies - à part le débat sur la scène de fellation la plus classe entre celle du Ruban blanc [+lire aussi :
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de Michael Haneke et celle de Star Wars : Le Réveil de la force, alors que la question est tout à fait légitime.

Bien qu'Assayas ait clairement envie de souligner le fait que le monde change, et peut-être pas pour le mieux, on note que son film sur le nouveau panorama médiatique a une allure rétro très nette, et confortable. Tout en abordant des problèmes mondiaux, le récit reste braqué sur une toute petite partie du monde, représentée par des gens d'âge moyen, du même milieu et de la même origine, du genre à passer une nuit de passion et se mettent à discuter des films de Bergman dans la foulée. L'ensemble fait l'effet d'un Woody Allen avec plus de jargon technique et beaucoup plus de vin.

Doubles vies a été produit par Charles Gillibert de CG Cinema, en coproduction avec Vortex Sutra, ARTE France Cinéma et Playtime, avec la participation d'Arte France, Canal+, Cine+, Cinecapital, Cineventure, Cofinova, Indiefilms, La Banque Postale Image, Manon et Sofitvcine. Les ventes internationales du film sont gérées par Playtime.

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(Traduit de l'anglais)

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