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FILMS Danemark / Allemagne / Syrie

Les Derniers Hommes d’Alep : la mesure de notre échec en Syrie

par 

- Le lauréat de Sundance et de CPH:DOX est un documentaire sur les combats menés à Alep par les Casques blancs

Les Derniers Hommes d’Alep : la mesure de notre échec en Syrie

Les Derniers Hommes d’Alep [+lire aussi :
bande-annonce
fiche film
]
du Syrien Feras Fayyad, co-réalisé et monté par le Danois Steen Johannessen, a été présenté en avant-première à Sundance, où il a été récompensé du Grand prix du jury dans la section documentaire, et il a récolté le premier prix a semaine dernière au festival CPH:DOX de Copenhague (lire l’article).

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Le film, qui se passe à Alep, parle des Casques blancs, nom officieux de la Défense civile syrienne, ces volontaires qui sont en intervention dans les territoires placés sous le contrôle des rebelles, qui extraient les gens des décombres d’immeubles effondrés, aident le Croissant rouge, risquant leur vie, jour après jour. Il commence avec une scène déchirante : Khaled, 30 ans, père de deux filles, tire trois jeunes enfants hors des décombres, mais un seul est encore vivant.

On voit ensuite Khaled dans une voiture aux côtés de Mahmoud, volontaire lui aussi, qui cherche à empêcher son petit frère de se faire tuer. Le duo se rue alors vers une autre urgence : un missile qui a heurté une voiture, juste à la sortie de la ville. Sur place, ils aident les pompiers à éteindre le feu avant de se retrouver sous une pluie de balles, assaillis par un ennemi invisible. Le caméraman plonge lui aussi au sol pour éviter les balles, si bien que l’on assiste à la scène à travers la caméra tremblante de celui-ci.

Il y a beaucoup d’autres images terrifiantes dans le film, comme quand les Casques blancs passent au crible les décombres d’un bâtiment touché par un missile pour récupérer les cadavres d’adultes qui tiennent encore dans leurs bras leurs enfants grièvement blessés, ou quand ils découvrent des membres arrachés (jambes, mains, pieds…) et essaient de trouver à quels corps ils appartiennent. Mais ce qui rend le film si difficile à regarder, c’est qu’on se rend compte que ces événements se répètent jour après jour, et que c’est une lutte de chaque instant pour ces personnes prises sous les tirs des forces de Bachar el Assad et de la Russie, une lutte que les auteurs du documentaire nous montrent en boucle.

Il y a aussi des moments de détente, même s’ils ne durent jamais très longtemps. Lorsqu’un cessez-le-feu est annoncé, Khaled emmène ses filles sur un terrain de jeu. Le soleil brille, les familles se rassemblent pour profiter de ces rares moments de calme, les parents rejoignent leurs enfants sur les balançoires…avant de devoir se mettre à l’abri dès le passage d’un avion russe. En Syrie, on ne peut décidément pas compter sur les cessez-le-feu.

Les protagonistes sont très humains, des personnages bien réels et attachants qu’on finit par apprécier, ce qui rend le film encore plus douloureux. On s’identifie à eux et on vit avec eux cet enfer insoutenable. Le spectateur ressort de la salle complètement hébété, en état de choc, mais ce ne sont pas les seules émotions qu’il ressent après ces 100 minutes de film. Les Derniers Hommes d’Alep est une expérience qui continue de vous hanter et qui ne le laissera pas oublier la défaite essuyée par le genre humain en Syrie. Car il est important que chaque individu du monde occidental et des pays du Moyen-Orient qui ne sont pas touchés par cette guerre ressente à tout le moins de la honte face à l’horreur qui fait rage en Syrie – ce que le film réussit à faire.

Les Derniers Hommes d’Alep a été produit par Larm Film (Danemark) et le Centre de presse d’Alep (Syrie), en coproduction avec Kloos & Co Medien (Allemagne). Les ventes internationales du film sont assurées par la société danoise DR Sales

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(Traduit de l'anglais)

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