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France

Alice Lesort • Vendeuse, Les Films du Losange

“Le marché est de plus en plus polarisé”

par 

- La vendeuse française décrit l’évolution du marché, qui force les sociétés de ventes à l’étranger et les distributeurs à être plus sélectifs sur les contenus dont ils vont s’occuper

Alice Lesort • Vendeuse, Les Films du Losange

Cineuropa a discuté avec Alice Lesort, directrice de ventes internationales pour la société parisienne Les Films du Losange. Lors de cet entretien organisé à l'approche de la Berlinale (16-26 février), nous avons couvert différents sujets, notamment la politique éditoriale de sa société, les titres qu’elle représente et la manière dont le marché a évolué ces dernières années.

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Cineuropa : Pourriez-vous s’il vous plaît nous expliquer quelle est votre politique éditoriale ?
Alice Lesort : Nous sommes très tournés vers le cinéma d’auteur, et nous nous occupons principalement de titres européens. Nous sommes une société qui fait de la production, de distribution et des ventes internationales, à travers différents départements réunis en son sein. De manière générale, avoir une branche distribution aide beaucoup quand on traite avec des distributeurs étrangers.

Combien êtes-vous ?
Nous sommes seize, dont quatre personnes qui se consacrent entièrement aux ventes.

Combien de titres par an représentez-vous ?
Nous représentons six à huit nouveaux titres par an. C’est un choix, de ne nous occuper que de quelques films. Nous pourrions faire plus, mais en ce moment, le marché est difficile et chaque film requiert énormément de temps et d’énergie. Nous ne souhaitons pas prendre beaucoup de films parce que nous voulons dédier à chacun tout le travail qu'il mérite pour bien s'insérer dans le marché et être distribué dans le plus de territoires possible. Par ailleurs, nous avons un très gros catalogue qui comprend 300 films (notamment ceux d’Éric Rohmer, Michael Haneke, Jean Eustache et d’autres cinéastes connus), donc nous travaillons dans ces deux directions : nous nous occupons de nouveaux titres et des films du catalogue.

Est-ce que vous investissez dans les films au stade de la production, ou aidez à les financer ?
Oui, mais il n’y a vraiment pas de règle. Nous produisons et coproduisons plusieurs films, mais nous sommes aussi très fidèles à nos réalisateurs et avec certaines sociétés partenaires, nous sommes très impliqués dès la phase du développement. Nous coproduisons les nouveaux films de Joachim Lafosse [Un silence [+lire aussi :
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] et Barbet Schroeder [Ricardo].

Il est particulièrement intéressant, pour les ventes internationales, d'apporter un feed-back aux producteurs et réalisateurs dès le début, par exemple pour expliquer comment certains choix pourront être perçus à l’étranger. Après, nous achetons aussi régulièrement des films finis, comme Fabian - Going to the Dogs [+lire aussi :
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de Dominik Graf, qui a eu beaucoup de succès à Berlin il y a deux ans. Le fait que nous choisissions peu de films chaque année nous donne cette flexibilité. Si le film est un chef-d’œuvre, nous n'hésitons pas à nous impliquer. Donc la plupart du temps, nous arrivons assez tôt, comme dans le cas de Rodéo [+lire aussi :
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de Mia Hansen-Løve, mais ce n’est pas une règle stricte. Nous sommes ouverts à l'idée d'être producteurs, coproducteurs ou juste mandatés pour nous occuper des ventes internationales d'un film et/ou de sa distribution en France. Nous nous adaptons à chaque projet.

Comment votre travail a-t-il évolué ces deux, trois dernières années ?
Pour nous, au sein du marché (tel qu’il est maintenant, après la pandémie), la plus grosse difficulté est la phase de l'achat. Le marché est de plus en plus polarisé. Il y a encore des films qui se vendent très bien dans le monde, et on peut les voir, mais le nombre de ces films a considérablement baissé. Les distributeurs étrangers sont de plus en plus sélectifs, pour des raisons évidentes, donc il nous faut être sélectifs aussi quand nous choisissons nos films. Bien sûr, nous sommes guidés par nos exigences artistiques, mais croisons cet élément avec notre expertise dans les ventes, pour estimer si tel ou tel film a un potentiel international. Nous sommes encore plus prudents qu'avant et nous devons être plus concentrés que jamais. [...] Aussi, nous avons tendance à voyager un peu moins, mais nous restons très présents à tous les marchés importants. Donc je ne pense pas que notre métier ait tant changé que ça, sauf pour ces aspects en particulier.

Est-ce que vous avez mis en place des stratégies tournées vers la diversité des contenus et la diversité au sein de votre propre société ?
Les Films du Losange a toujours été une société très féminine, c’est bien connu. […] La majorité de nos départements sont dirigés par des femmes. Au-delà de ça, je ne pense pas qu’on puisse trop "intellectualiser" cette quête de diversité. Je pense que si on cherche des films modernes proposant des visions vraiment pertinentes du monde, on ne peut qu'emprunter la voie de la diversité, c’est la seule voie !

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(Traduit de l'anglais)

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