email print share on Facebook share on Twitter share on LinkedIn share on reddit pin on Pinterest

CINEMA JOVE 2018

Henrika Kull • Réalisatrice

"La question de savoir ce qu'est l'amour et comment il peut fonctionner est ce qui me motive"

par 

- L'Allemande Henrika Kull nous parle de son premier long-métrage, Jibril, qui est projeté au festival Cinema Jove de Valence après avoir été présenté au Panorama de Berlin

Henrika Kull • Réalisatrice
(© Robin Kirchner)

Jibril [+lire aussi :
critique
bande-annonce
interview : Henrika Kull
fiche film
]
, premier long-métrage de l'Allemande Henrika Kull, projeté en avant-première mondiale dans la section Panorama du Festival de Berlin en février, est à présent au programme du festival espagnol Cinema Jove de Valence. Cineuropa a interrogé la réalisatrice sur la structure du film, la relation qui est en son centre et son expérience du travail avec les acteurs débutants.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)
Hot docs EFP inside

Cineuropa : Comment avez-vous eu l'idée de cette histoire ? Quel aspect de celle-ci vous a intéressée en particulier ?
Henrika Kull :
Tout a commencé avec cette question : dans quelle mesure aimé-je vraiment l'Autre, et non l'image que je m'en fais ?. Ou plutôt : quelle est la part dans mon amour pour l'Autre de ce qu'il ou elle me fait ressentir quant à moi ? 

Ce qui m'intéressait, c'était la différence entre entre une vraie relation de tous les jours et l'exaltation romantique ou la langueur qu'on peut sentir pour quelqu'un qui n'est pas disponible. C'est pour cela que j'ai bien aimé l'idée de la prison comme décor : c'est une métaphore de la situation où l'on se languit, et de structures patriarcales qui appartiennent désormais au passé. Et puis de l'autre côté, nous avons une femme forte et indépendante qui cherche l'amour mais qui désire aussi, par détermination culturelle, que "les choses soient comme elles sont censées être", c'est-à-dire qu'elle souhaite une relation stable, une famille avec laquelle couler ses jours...

Pourquoi avez-vous choisi de structurer le film de cette manière, en étalant l'histoire sur un an et en passant d'un personnage à l'autre tout du long ?
Je voulais que la fin soit aussi le début, et inversement. Avec ces relations intermittentes, qui sont si compliquées mais également si excitantes, et largement fondées sur des projections, on ne sait jamais quand c'est vraiment fini où à quel "round" on en est . C'était donc un choix évident pour moi que de déployer l'histoire sur une année, de manière à ce que les saisons représentent les étapes de la relation. Souvent, peu importe que le couple soit dans sa première ou sa troisième année, où si on saute des années : leur attirance et leurs problèmes restent les mêmes. Nous avons en fait tourné sur neuf mois. Je suis vraiment reconnaissante à mes acteurs et à l'équipe de s'être montrés si impliqués... 

Comment avez-vous cherché vos acteurs et comment avez-vous travaillé avec eux ?
Je voulais obtenir l'effet de véracité et de proximité que permet l'utilisation d'une caméra à l'épaule, flexible, et je savais que pour cela, il me fallait des visages très caractéristiques et des tempéraments très forts. Je ne voulais pas travailler avec des acteurs professionnels, en partie parce que nous n'avions presque pas de budget, mais aussi parce que je ne voulais pas devoir fixer le calendrier, bloquer les dates. Je voulais tourner de manière chronologique avec un plateau très "organique". Je voulais que toute l'équipe, la troupe et le petit groupe des techniciens, s'engagent dans un vrai voyage émotionnel avec les personnages. Or je sentais que pour que cela se produise, il fallait que ce soit un premier film, pour les interprètes comme pour le reste de l'équipe. 

C'est pour cela que le casting a pris si longtemps. Je suis allée à voir des pièces, des performances, et j'ai aussi passé beaucoup de temps sur Instagram. Finalement, mon choix s'est arrêté sur Susanna Abdulmajid, que j'ai vue jouer dans une pièce de théâtre immersive à Vienne. Ce fut tout de suite le grand amour, entre nous et par rapport à l'idée de faire un film ensemble. La vraie gageure a été de trouver "le bon Gabriel” pour elle. Nous avions déjà elle et moi une idée de la manière dont on pourrait travailler ensemble et son personnage, Maryam, avait déjà des contours de plus en plus nets... Jusqu'à ce qu'on trouve Malik Adan sur Instagram, on était inquiet de ne trouver aucun Gabriel qui pourrait lui faire face. J'ai su immédiatement qu'il serait le partenaire parfait pour faire pendant au personnage de Susanna.

Comment avez-vous perçu l'accueil qu'ont réservé au film le public et les médias ? Préparez-vous déjà un autre film ?
C'était la première fois qu'un travail dont j'étais l'auteur était vu et discuté par autant de gens. C'est formidable de voir combien de spectateurs se sont identifiés avec le couple du film. J'ai été touchée de voir que mon message, que ce que je voulais dire, passait si bien avec le public. J'ai aussi présenté le film dans la prison où on a tourné – ça a été une séance vraiment spéciale. Rien que pour ce moment, ça valait la peine de faire le film !

La question de savoir ce qu'est l'amour et comment il peut fonctionner est vraiment ce qui me motive. Dans mon prochain film, une histoire d'amour entre deux travailleuses du sexe, les personnages vont un peu plus loin. Ils essaient d'aller au-delà de l'hédonisme et du narcissisme et peut-être qu'avec un peu de chance, ils finiront par trouver le vrai bonheur...

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

(Traduit de l'anglais)

Vous avez aimé cet article ? Abonnez-vous à notre newsletter et recevez plus d'articles comme celui-ci, directement dans votre boîte mail.

Lire aussi

Privacy Policy