08/05/2018 - CANNES 2018 : La présidente du jury de la compétition cannoise Cate Blanchett et ses jurés ont donné leur point de vue sur leur rôle et évoqué notamment la place des femmes

Les membres du jury du Festival de Cannes (© François Silvestre De Sacy/FDC)

Salle comble cet après-midi sur la Croisette pour la conférence de presse du jury de la compétition du 71^e Festival de Cannes, la présidente Cate Blanchett et ses jurés Kristen Stewart, Léa Seydoux, Ava DuVernay, Khadja Nin, Andrey Zvyagintsev, Robert Guédiguian, Chang Chen et Denis Villeneuve, ayant livré quelques indices sur la manière dont ils envisageaient leur rôle.

Qu’est-ce qu’un film qui mérite une Palme d’Or ?
Cate Blanchett : C’est un film qui résume un peu tout : la cinématographie, le scénario, la mise en scène, etc. Un film qui va rester dans l’esprit du jury et de tout le monde bien au-delà du festival.
Kristen Stewart : Il y a des films imparfaits qui sont extraordinaires. Pour gagner une Palme d’Or, il faut fondamentalement que le film soit émouvant.
Denis Villeneuve : C’est une gymnastique un peu particulière que celle d’avoir l’intuition de choisir un film qui va traverser le temps.
Andrey Zvyagintsev : C’est un ensemble. Il peut y avoir neuf avis différents, mais il faut trouver un film qui nous rassemble, qui aille droit au cœur et qui soit un événement dans l’art.

Comment juger ?
Cate Blanchett : Il faut accepter le fait que la tâche est impossible. Nous aurons sûrement des avis différents, mais ce qui est extraordinaire à Cannes, ce sont tous ces artistes venus d’horizons différents et ce qui m’intéresse, c’est le dialogue avec les artistes du jury et les réalisateurs des films en compétition. Cannes, c’est une plateforme et un melting-pot culturel international. Et chaque film de la compétition mérite d’être vu. Car parfois, les cinéastes sélectionnés sont presque comme des accusés sans chef d’accusation. Pour notre jury, tous les films partent sur un pied d’égalité. C’est difficile de juger un autre artiste, un défi douloureux, mais nous l’abordons avec l’esprit ouvert, sans tenir compte du passé et des noms des cinéastes.

Quid de la question des femmes dans l’industrie cinématographique et à Cannes ? Et que pensez-vous du fait qu’il n’y ait que trois réalisatrices en compétition.
Cate Blanchett : Les changements profonds doivent reposer sur des actions spécifiques, pas sur des chiffres, et il faut aussi respecter la diversité raciale. Cela n’aura pas d’impact sur notre jugement des films en compétition. Bien sûr, il faut avoir de l’humour et accepter une certaine disharmonie. Si on était d’accord tout le temps, ce serait ennuyeux. Mais il faut une base d’équité. Par ailleurs, par nature, le festival est de Cannes est glamour, mais être belle ne veut pas dire qu’on ne peut pas être intelligente en même temps. Enfin, trois femmes seulement en compétition ? C’est un sport difficile de venir en compétition à Cannes pour un cinéaste : il faut être prêt. Mais j’aimerais évidemment qu’il y ait plus de femmes à l’avenir. 

Allez-vous prendre en compte le contexte politique des films ou juger seulement avec des critères artistiques ?
Ce n’est pas un festival de films politiques et les œuvres auxquelles vous faites allusion ne sont pas politiques à proprement parler. Nous devons ouvrir nos yeux et nos cœurs. Il ne s’agit pas de donner le prix Nobel de la paix, même si c’est dramatique que deux cinéastes ne puissent pas venir présenter leurs films en personne.