email print share on Facebook share on Twitter share on LinkedIn share on reddit pin on Pinterest

Ása Helga Hjörleifsdóttir • Réalisatrice

"Je ne voulais pas compromettre la vision du monde du personnage principal"

par 

- TORONTO 2017 : La réalisatrice et scénariste islandaise Ása Helga Hjörleifsdóttir nous parle de son premier long-métrage, The Swan, présenté à la section Discovery

Ása Helga Hjörleifsdóttir  • Réalisatrice

La réalisatrice et scénariste islandaise Ása Helga Hjörleifsdóttir a adapté le roman à succès de Guðbergur Bergsson dans son premier long-métrage, The Swan [+lire aussi :
critique
bande-annonce
interview : Ása Helga Hjörleifsdóttir
interview : Thorvaldur Kristjánsson
fiche film
]
, une histoire fragile sur la maturité et l’exploration de soi présentée à la section Discovery du 42e Festival International du Film de Toronto. Cineuropa a rencontré la réalisatrice pour parler de la liberté, du rôle de la nature dans son travail et des difficultés rencontrées pour réaliser cette coproduction.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)
Hot docs EFP inside

Cineuropa : Était-ce difficile d’adapter un roman à l’écran ? Quelles sont les différences principales entre le livre et votre version ?
Ása Helga Hjörleifsdóttir : La perspective était probablement la plus grande difficulté. Le roman est raconté par une petite fille de neuf ans, la protagoniste. Le monde tout entier est filtré par sa perception, qui ne rend pas toujours l’histoire de manière fiable. Parfois, nous sentons même qu’elle possède un sens profond de l’univers, allant bien au-delà de son propre point de vue. Par son intermédiaire, nous percevons ce qui se passe sans être sûrs de ce qui appartient au réel ou à son imagination débordante et créative. Dans une certaine mesure, le cinéma offre une vision plus claire, mais je ne voulais pas compromettre sa vision du monde. Je ne voulais pas anéantir le mystère de sa perception !

Je pense que l’une des différences principales que les lecteurs remarqueront réside dans le fait que j’ai défini davantage les personnages de l’ouvrier agricole et de la fille, en développant leur personnalité et leur relation avec la protagoniste.

Pourquoi votre récit initiatique doit-il se dérouler au milieu d’une nature sauvage ?
Je suis fascinée par le parallèle qu’établit le livre entre la nature sauvage et la nature humaine. C’est une histoire au cours de laquelle les personnages se perdent constamment dans la nature (et finissent par retrouver leur chemin) – dans la nature sauvage qui les entoure et dans la nature de leur cœur. À un certain moment, l’ouvrier agricole dit à la petite fille : ‘’pense que la nature ne demande jamais la permission de faire quelque chose. Elle fait et prend ce qu’elle veut’’. Dans un sens, c’est ce que la jeune fille apprend sur la vie : la vie de nos émotions est la nature sauvage. 

C’est une histoire sur la liberté et la maturité ; existe-t-il une manière correcte d’y parvenir ?
Oui, en effet. C’est une histoire sur la liberté et la maturité ; et la maturité peut parfois se traduire par le fait de décider dans quelle mesure nous voulons nous adapter à une vie conventionnelle. Dans le film, le fermier et sa femme représentent le désir très humain de ‘’fonder un foyer’’ sur le territoire sauvage de la nature humaine, alors que l’ouvrier tend vers le contraire : une vie chaotique et la liberté émotionnelle. Ce conflit est l’un des fils conducteurs du film, un élément qui pose problème à la protagoniste, mais aussi à la fille du fermier ; un dilemme entre le désir de vouloir être ‘’normal’’ et celui d’accepter notre nature authentique et complexe. La fille – en dépit de son caractère rebelle – tente de faire ce que l’on attend d’elle, même si nous ignorons ce qu’il adviendra d’elle. Elle tente de mener une vie normale. La protagoniste, en revanche, choisit la nature sauvage. Elle préfère l’aspect imprévisible et potentiellement cruel du désir et de la création. Je ne pense pas qu’il existe de bonnes ou de mauvaises réponses – au contraire, nous sommes probablement tous confrontés à ce conflit… Et pour ma part, je ne connais personne qui ait trouvé la réponse !

The Swan est la toute première coproduction entre l’Islande et l’Estonie. Parlez-nous de votre expérience, étant donné qu’il s’agit en outre de votre premier long-métrage.
Bien entendu, travailler avec de nouvelles personnes peut s’avérer difficile ; en dépit de la nationalité. Et oui, étant donné qu’il s’agit de mon premier film, je ne savais pas toujours à quoi m’attendre de manière générale ! Dans ce genre de coproduction, les différences culturelles ou les attentes différentes et les méthodes de travail sur le tournage peuvent créer quelques conflits. Durant la postproduction, j’ai passé beaucoup de temps à l’étranger – à Hambourg, pour travailler sur le montage et à Tallinn pour la conception sonore. Cette expérience comportait son lot de défis, à la fois culturels et géographiques.

Ceci étant dit, je suis ravie du résultat final de ces collaborations. En effet, les problèmes de différences culturelles ont donné lieu à des conversations dynamiques et créatives qui nous ont poussées à nous concentrer intensément sur ce que nous voulions faire avec des scènes déterminées. Cela a permis d’améliorer le film, d’un point de vue artistique. Tout le monde jouissait d’une certaine liberté et le résultat final est magique. Connaître les règles, mais ne pas avoir peur de les briser lorsque cela s’avère nécessaire – je pense que c’est l’équilibre parfait.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

(Traduit de l'anglais)

Vous avez aimé cet article ? Abonnez-vous à notre newsletter et recevez plus d'articles comme celui-ci, directement dans votre boîte mail.

Lire aussi

Privacy Policy