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Fabio Grassadonia et Antonio Piazza • Réalisateurs

Salvo : un film de genre comme on n'ose plus en faire

par 

- Rencontre avec les auteurs du film noir Salvo, Grand Prix et Prix Révélation de la Semaine de la critique du Festival de Cannes

Salvo, premier long métrage de Fabio Grassadonia et Antonio Piazza, dévoilé à la Semaine de la Critique du Festival di Cannes, a évoqué les noms de Jean-Pierre Melville et de l'Alain Delon du Samouraï. Ce film noir dont l'action se situe en Sicile n'a pourtant pas encore trouvé de distributeur italien, et ses producteurs Massimo Cristaldi et Fabrizio Mosca n'ont pu mener le projet à bien que grâce à des coproducteurs français : Mact Productions, Cité Films et Arte France Cinema. En tout, le film a coûté 1,7 million d'euros..

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"Le scénario de Salvo, et avant cela notre court métrage Rita (qui a des éléments communs avec Salvo), n'ont pas trouvé en Italie la moitié du consensus qu'ils ont rencontré en France", ont confirmé les réalisateurs-scénaristes pour Cineuropa. "La réaction au film dans notre pays a été une attitude de peur et de perplexité. La crise économique a certainement sa part là-dedans – notre pays craint de plus en plus de s'aventurer hors des sentiers battus – mais c'est aussi une question de limites culturelles et de préjugés de la part de certains distributeurs de cinéma d'auteur. Nous aurions fait un film turc, il aurait trouvé un distributeur bien plus facilement", ont-ils ajouté le sourire aux lèvres.

Le projet n'est qui plus est pas né d'hier : "En 2008, nous avons obtenu la mention spéciale du Prix Franco Solinas du scénario, et c'est là que nous avons rencontré les producteurs Massimo Cristaldi et Fabrizio Mosca, qui faisaient partie du jury. Ils sont tombés amoureux du projet et nous ont proposé de le développer avec eux. Nous avons aussi eu d'emblée le soutien du Torino Film Lab et le projet a plu à Alessandro Rais, alors directeur de la Commission du film de Sicile, qui fonctionnait encore bien à l'époque. Et puis il y a eu un changement politique et tout est devenu complètement stagnant, et tout l'argent a disparu. Heureusement, plus tard, le Fonds cinéma de Sicile est revenu à nos côtés, ainsi que le Ministère de la Culture grâce à son programme de financement des premiers films. C'est avec la RAI que nous avons eu des problèmes : ils n'ont même pas voulu voir le film. Nous avons donc continué avec nos partenaires français en essayant de faire le maximum avec un budget on ne peut plus modeste pour un projet de ce genre".

D'aucuns ont relevé une certaine discontinuité dans le film, voire quelques maniérismes, mais ce qui ressort avant tout du film est le grand amour qu'ont ses deux auteurs pour le cinéma : "Le choix des genres et des changements de points de vue découle des exigences de l'histoire, explique Grassadonia. Au début, on voit un tueur commandité par la mafia accomplir un acte brutal, de sorte que donner au film le ton d'un polar mâtiné de film d'action nous a semblé adapté pour faire entrer le spectateur dans un récit d'abord assez classique. Ensuite, nous avons introduit un élément extraordinaire qui précipite les personnages dans un autre type d'histoire, et nous avons fait évoluer le genre du film en fonction. Nous nous sommes demandé comment on pouvait mettre en scène la cécité – d'où la scène muette. Il ne s'agissait pas seulement d'un jeu, mais d'une volonté de coller au sens profond de l'histoire".

"Je suis d'accord avec ce que dit Fabio et j'ajouterais même que pour nous, le scénario est vraiment le point de départ. Nous aimons aussi beaucoup les cinémas de genre, bien qu'en Italie, il semble que la comédie soit le seul genre possible. Nous avons de fait pris le risque de chercher quelque chose de différent. Notre pays a produit de grands maîtres du cinéma de genre, mais l'heure est à  une démolition et à une homologation qui ne nous intéressent pas".

Des projets futurs, Fabio Grassadonia et Antonio Piazza en ont déjà : "Nous travaillons en ce moment sur deux idées, dont une comédie, justement ! Pas une comédie comme celles qu'on voit partout depuis des années, une comédie qui pourrait même déplaire au public habituel du genre".

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