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Rendez-Vous Unifrance 2024

Dossier industrie: L’Europe et le reste du monde

Vendre ou pas des films et des programmes à la Russie ?

par 

La Russie est le pays où le cinéma français a enregistré le plus d’entrées à l’international en 2023. Un résultat débattu lors des 26es Rendez-Vous à Paris d’Unifrance

Vendre ou pas des films et des programmes à la Russie ?
Un moment de la table ronde (© Christophe Clovis/Unifrance)

Avec 7,09 millions d’entrées, la Russie pointe en tête du classement des pays où le cinéma français a été distribué en salles l’an dernier à l’international (lire la news), ce qui ne va pas sans poser des questions vu le contexte du conflit Russie – Ukraine. Pour mémoire, contrairement à d’autres secteurs où un embargo est de mise, l’Europe n’interdit pas l’exportation de films et de programmes audiovisuels vers la Russie. Ce sujet délicat a été abordé frontalement à l’occasion de la table ronde "Enjeux de la promotion du cinéma et de l’audiovisuel français dans un monde incertain" (modérée par Daniela Elstner) dans le cadre de la Journée de l’export ouvrant les 26es Rendez-vous d’Unifrance à Paris (lire l’article).

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"Je crois à la diplomatie culturelle. Il faut parler aux enfants du monde entier, ne pas les politiser mais leurs proposer des œuvres créatives, intelligentes et qui développent leur imagination" a souligné Aton Soumache (Mediawan Kids & Family), heureux producteur du titre d’animation Miraculous, le film, leader du classement des entrées 2023 pour les films français à l’international et qui a aussi cartonné en Russie. "Nous avions vendu le film à la Russie bien avant le conflit. Miraculous est aussi une série qui avait eu un succès mondial. Il ne fallait donc pas pénaliser les enfants. Ma vocation, c’est d’être pragmatique et aucune frontière n’a arrêté le film qui a une super-héroïne française habitant à Paris car il faut garder notre patrimoine culturel et le faire voyager dans le monde. C’est un film divertissant qui fait du bien."

Son de cloche différent du côté d’Alice Lesort (directrice des ventes internationales chez Les Films du Losange et co-présidente d’Europa International) : "nous avons opté pour une position très individualisée puisque nous demandons leur avis aux producteurs et aux cinéastes quand il y a une opportunité de vente en Russie. C’est une question compliquée pour les vendeurs car même un film art et essai qui ne fera pas beaucoup d’entrées participera à l’économie russe. Et même si les distributeurs sont de confiance et pas forcément pro-Poutine, il n’y a pas de contrôle possible ensuite car s’ils revendent un film à une télévision russe, qui dit qu’il ne sera pas diffusé entre deux messages de propagande ? Mais d’un autre côté, c’est aussi permettre au public russe de voir autre chose que de la propagande. Donc c’est compliqué, il n’y a pas de réponse simple. Les distributeurs russes n’y sont pour rien, donc nous maintenons le contact avec eux. Si des offres pour des films se présentent, nous demandons aux producteurs qui souvent répercutent aux cinéastes qui ont pour l’instant tous refusé. Bien sûr, on perd un peu d’argent, mais il n’est pas question d’aller contre la volonté des cinéastes."

Pour Emmanuelle Jouanole (Gedeon Media Group & Terranoa), la réponse est claire : "Nous avons arrêté de leur vendre des programmes. Ils sont en attente. Mais je respecte les positions de chacun car il n’y a pas de bonne réponse. Il faut réfléchir au cas par cas."

Un débat tranché avec humour par Bertrand Faivre (The Bureau Sales) : "Comme disait Jean Renoir, "ma patrie, c’est le cinéma". Nous produisons et nous vendons des films sur les violences policières (Un pays qui se tient sage [+lire aussi :
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interview : David Dufresne
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), les lanceurs d’alerte (La Syndicaliste [+lire aussi :
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interview : Jean-Paul Salomé
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), l’évasion fiscale (La (très) grande évasion [+lire aussi :
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), donc si la Russie les veut, je suis même prêt à les donner."

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